Le bras de fer judiciaire entre le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, et le Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, connaît un nouveau rebondissement. Une deuxième requête visant le ministre vient d’être transmise ce vendredi à l’Assemblée nationale. Le procureur général y sollicite une nouvelle fois l’autorisation de poursuivre le ministre, cette fois pour outrage à la magistrature.
Ce développement intervient dans un climat politique déjà tendu autour de cette affaire, alors que le ministre Mutamba est déjà visé par une première demande d’autorisation de poursuites judiciaires dans un dossier de détournement présumé de fonds publics, destinés à la construction d’une prison. La procédure, encore en cours, pourrait être doublée d’une instruction parallèle sur cette nouvelle infraction.
Le point de bascule dans cette escalade judiciaire semble avoir été son meeting improvisé devant les agents du ministère de la justice dans la cour du Palais de Justice où il a proféré des propos peu courtois à l’égard du Procureur près la Cour de cassation et de la Première ministre. Au delà de ce fait, la diffusion, sur les réseaux sociaux, d’un enregistrement sonore compromettant à encore attisé le feu. Dans cet audio, devenu viral, on entend une voix attribuée à Constant Mutamba s’adressant au fils du Procureur général. Il lui demande expressément d’user de son influence pour convaincre son père de « calmer le jeu » et de ralentir la procédure liée à la levée de son immunité. Une démarche perçue par la magistrature comme une tentative d’ingérence et une offense à l’indépendance judiciaire.
Ce qui choque davantage l’opinion, c’est l’ironie apparente de la situation. Constant Mutamba, connu pour ses prises de position musclées contre la corruption et les détournements, s’était récemment illustré en appelant à la peine de mort pour les auteurs de détournement de deniers publics. Aujourd’hui, le voilà lui-même dans la tourmente judiciaire, soupçonné de malversations financières dans le cadre d’un projet d’infrastructure pénitentiaire, et désormais accusé d’avoir tenté d’influencer une procédure judiciaire.
Du côté du Parlement, cette nouvelle requête relance le débat sur l’opportunité et la célérité avec laquelle il faudrait traiter les dossiers judiciaires impliquant les membres du gouvernement. Des voix s’élèvent déjà, notamment dans la société civile et l’opposition, pour réclamer la suspension du ministre durant l’instruction de ces affaires, afin de garantir l’intégrité du processus.
À ce stade, ni Constant Mutamba ni son cabinet n’ont officiellement réagi à cette seconde accusation. En coulisse, des tractations politiques s’intensifient, et la pression monte au sein de la majorité parlementaire, divisée entre soutien politique et exigence de transparence.
L’affaire Mutamba – Mvonde pourrait bien devenir un test majeur pour l’indépendance de la justice congolaise et la crédibilité de la lutte contre l’impunité au sein de l’État. Le Parlement est désormais face à ses responsabilités.
La rédaction de b-onetv.cd