La situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) continue de susciter des débats houleux au sein du Parlement européen. Plusieurs eurodéputés, notamment du groupe des Verts/ALE, ont saisi la Commission européenne pour demander un embargo immédiat sur les minerais en provenance du Rwanda. Cette initiative intervient en raison du soutien présumé de Kigali au groupe armé M23, responsable d’exactions dans la province du Nord-Kivu.
Lors d’une session parlementaire, plusieurs personnalités politiques ont condamné l’implication du Rwanda dans le conflit congolais. Le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, est intervenu par visioconférence pour appeler l’Union européenne à cesser l’achat de minerais en provenance du Rwanda, qualifiant ces ressources de « minerais du sang« . Il a insisté sur la nécessité d’une traçabilité rigoureuse afin de s’assurer que ces ressources ne proviennent pas des zones de conflit en RDC.
Le député belge Patrick Botenga (PTB) a, quant à lui, dénoncé le soutien implicite de l’Union européenne au Rwanda à travers son partenariat privilégié. « L’Union européenne est du côté de l’agresseur », a-t-il affirmé, appelant à une rupture immédiate des accords économiques avec Kigali. Trois eurodéputées du groupe des Verts/ALE – Majdouline Sbai, Sara Matthieu et Saskia Bricmont – ont adressé une question écrite prioritaire à la Commission européenne. Elles demandent un embargo immédiat sur les minerais étiquetés comme originaires du Rwanda, en raison de l’implication présumée de ce pays dans l’agression contre la RDC.
Ces parlementaires pointent du doigt le mémorandum d’accord signé en février 2024 entre l’UE et le Rwanda, portant sur les chaînes de valeur des matières premières critiques. Ce texte prévoit des mesures pour lutter contre le commerce illégal des minerais et garantir leur rapatriement vers leurs pays d’origine. Cependant, pour ces eurodéputées, ces mesures sont largement insuffisantes face aux violations graves des droits humains et à l’instabilité sécuritaire que connaît l’est de la RDC.
Dans leur requête, les eurodéputées demandent à la Commission européenne de : Interdire l’importation des minerais rwandais en Europe ; Suspendre le mémorandum d’accord et la feuille de route en cours avec Kigali ; Conditionner toute coopération future avec le Rwanda à son adhésion à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) et à son retrait total du territoire congolais.
Le gouvernement congolais accuse le Rwanda de soutenir activement le M23, une position appuyée par plusieurs rapports d’organisations internationales. Malgré ces accusations, Kigali continue de nier toute implication dans le conflit. Pour l’instant, la Commission européenne n’a pas encore réagi à cette demande pressante d’embargo. Toutefois, la pression monte au sein du Parlement européen et de la société civile pour que des sanctions concrètes soient prises contre le Rwanda.
Cette initiative des eurodéputés pourrait marquer un tournant dans la politique européenne à l’égard de la région des Grands Lacs et influer sur les relations diplomatiques entre Bruxelles et Kigali.
La rédaction de b-onetv.cd