La situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs a de nouveau été au cœur des discussions lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, tenue le mercredi 16 avril 2025 à New York. Représentant la République démocratique du Congo, la ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a livré un réquisitoire ferme contre l’inaction persistante de la communauté internationale face aux violations continues perpétrées par le M23 et les Forces rwandaises de défense (RDF) dans l’est du pays.
Devant les membres du Conseil, la cheffe de la diplomatie congolaise a tiré la sonnette d’alarme sur la dégradation inquiétante de la situation dans les provinces orientales. Elle a notamment dénoncé le fait que, malgré l’adoption de la résolution 2773 du Conseil de sécurité en février 2025, aucune amélioration concrète n’est observée sur le terrain.
« Cinquante-quatre jours après l’adoption de la résolution 2773, l’attente et l’inertie ont pris le pas sur l’action. Sur le terrain, rien n’a changé : les violations persistent, les tensions s’aggravent et la paix demeure hors de portée », a-t-elle déclaré.
Thérèse Kayikwamba Wagner a souligné que les aéroports stratégiques de Goma et Bukavu restent sous le contrôle effectif du M23 et des RDF, en violation flagrante de la résolution onusienne. Dans les zones occupées, les exactions contre les civils – exécutions sommaires, enlèvements, enrôlements forcés – se multiplient, tandis qu’un ordre parallèle se met en place, sapant l’autorité de l’État congolais.
« Un ordre politico-juridique et militaire parallèle s’installe, imposé par la force, au mépris de la souveraineté de l’État congolais », a-t-elle dénoncé.
Face à ce constat alarmant, la ministre a exhorté le Conseil de sécurité à prendre des mesures concrètes pour faire respecter sa propre décision. Elle a plaidé pour un renforcement du mandat de la MONUSCO, l’amélioration des mécanismes de vérification, et une coopération accrue avec le groupe d’experts de l’ONU.
« Une décision du Conseil ne peut rester lettre morte, surtout lorsqu’elle est ouvertement bafouée par un État qui, paradoxalement, contribue aux opérations de maintien de la paix », a-t-elle fustigé.
Adoptée en février dernier à l’initiative de la France, la résolution 2773 condamne l’offensive du M23 et le soutien militaire du Rwanda à ce groupe armé. Elle exige le retrait immédiat des forces rwandaises du territoire congolais, la fin des hostilités, la dissolution des administrations parallèles créées par le M23, et le rétablissement de l’autorité de l’État congolais dans toutes les zones concernées.
Thérèse Kayikwamba Wagner a conclu son intervention en rappelant l’urgence humanitaire criante en RDC, appelant à une réaction rapide et ferme de la communauté internationale. « Il en va de notre devoir moral, mais aussi de la stabilité régionale », a-t-elle averti, insistant sur la nécessité de restaurer la paix dans le respect strict de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC.
Cette nouvelle prise de parole marque un appel pressant de Kinshasa aux Nations unies : celui de ne plus se contenter de résolutions, mais d’agir pour que justice et paix prévalent enfin dans l’Est congolais.
La rédaction de b-onetv.cd