L’Afrique du Sud ne renoncera pas à son engagement en République démocratique du Congo (RDC), a déclaré lundi son président, Cyril Ramaphosa, après la mort de quatorze soldats sud-africains dans l’est du pays, où le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, poursuit son avancée. « La mission prendra fin en fonction de la mise en œuvre de diverses mesures de confiance et lorsque le cessez-le-feu auquel nous avons appelé prendra racine », a affirmé M. Ramaphosa, en réponse aux appels à un retrait des troupes sud-africaines. Ces dernières sont déployées dans le cadre des missions de l’ONU et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Alors que plusieurs États africains adoptent une approche prudente face à la crise sécuritaire en RDC, l’Afrique du Sud assume pleinement son soutien au pays. Cyril Ramaphosa a réitéré son appel à l’arrêt de l’expansion du M23 et au retrait des troupes étrangères du territoire congolais. « Nous soutenons l’appel du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur de l’arrêt de l’expansion territoriale du groupe rebelle M23 et du retrait des forces extérieures de la RDC. Parvenir à une paix et une sécurité durables dans l’est de la RDC et dans la région nécessite la volonté collective de la communauté des nations« , a-t-il déclaré.
Il a également rappelé la solidarité historique entre l’Afrique du Sud et ses partenaires africains : « Nous avons le devoir de soutenir les nations d’Afrique dont la solidarité et le soutien matériel ont contribué à assurer notre libération. L’Afrique du Sud ne relâchera pas son soutien au peuple de la RDC afin qu’il puisse jouir de la paix et de la sécurité qu’il mérite.«
Malgré l’intensification des combats, Ramaphosa plaide pour une solution politique et appuie les initiatives diplomatiques en cours, notamment le processus de Luanda, mené par le président angolais João Lourenço. « Un cessez-le-feu est une condition préalable nécessaire aux pourparlers de paix qui doivent inclure toutes les parties au conflit, qu’elles soient des acteurs étatiques ou non étatiques, congolais ou non congolais. La diplomatie est la voie la plus durable pour parvenir à une paix durable pour la RDC et son peuple. » Il a ainsi appelé toutes les parties impliquées à respecter les engagements du processus de Luanda et à faire preuve de volonté politique pour préserver l’intégrité territoriale de la RDC.
Les quatorze soldats sud-africains tués ont péri lors d’affrontements à Sake, près de Goma, contre le M23, soutenu par le Rwanda. Cette tragédie a suscité un vif débat en Afrique du Sud sur l’implication militaire du pays en RDC. « Certains ont remis en question notre présence en RDC, mais la violence et les conflits en Afrique sont l’affaire de tous les Africains. Les conséquences humanitaires, économiques et sociales de ces conflits se font sentir au-delà des frontières et des régions. L’instabilité, où qu’elle se trouve, affecte les perspectives de croissance et de développement du continent », a répondu M. Ramaphosa.
La crise sécuritaire en RDC a exacerbé les tensions entre le président rwandais Paul Kagame et Cyril Ramaphosa, après la mort des soldats sud-africains. Dans un communiqué publié mardi, Kagame a accusé l’Afrique du Sud de « distorsions, d’attaques délibérées et même de mensonges » sur leur échange au sujet de la situation en RDC. « Si les mots peuvent changer autant entre une conversation et une déclaration publique, cela en dit long sur la manière dont ces questions importantes sont gérées », a déclaré Kagame.
Il a nié tout soutien au M23 et a dénoncé la mission de la SADC en RDC (SAMIDRC), la qualifiant de « force belligérante » combattant aux côtés des Forces armées congolaises (FARDC) et d’autres groupes que Kigali considère comme des menaces. « SAMIDRC n’est pas une force de maintien de la paix, elle n’a pas sa place dans cette situation« , a-t-il martelé. En réponse, Cyril Ramaphosa a maintenu ses accusations contre Kigali, dénonçant l’implication du Rwanda aux côtés du M23 et des milices rwandaises contre les FARDC et la SAMIDRC.
Alors que la tension monte entre Kigali et Pretoria, l’avenir de l’engagement militaire sud-africain en RDC dépendra des prochaines évolutions diplomatiques et militaires sur le terrain. Mais une chose est sûre : l’Afrique du Sud ne compte pas abandonner la RDC dans sa lutte pour la paix et la stabilité.
La rédaction de b-onetv.cd