Le Parlement européen a tenu ce jeudi une session spéciale consacrée à la situation sécuritaire et humanitaire au Nord-Kivu, après la prise de Goma par le M23 avec l’appui actif du Rwanda. Indigné par cette nouvelle escalade du conflit, le Bureau du Parlement a proposé des sanctions fortes contre Kigali, dénonçant une violation inacceptable de la souveraineté de la République Démocratique du Congo (RDC).
Parmi les mesures proposées figure la suspension du mémorandum UE-Rwanda signé en février 2024, qui couvre cinq domaines de coopération, notamment l’intégration de chaînes de valeur durables pour les matières premières et la diversification économique. Ce partenariat, visant à garantir un approvisionnement responsable en minerais critiques, pourrait être suspendu afin d’envoyer un signal clair à Kigali.
Le Parlement européen envisage également de boycotter toutes les manifestations sportives internationales prévues cette année au Rwanda, en guise de pression pour obtenir la stabilité dans la région des Grands Lacs. « L’Union Européenne doit promouvoir la paix et ne pas rester un observateur passif. Ne trahissons pas le peuple congolais, » a exhorté la présidente de la séance, alertant sur les conséquences de cette guerre, notamment son impact sur l’Europe, déjà confrontée aux flux migratoires et à la concurrence mondiale sur les minerais stratégiques.
Le représentant spécial de l’Union européenne dans les Grands Lacs, Johan Borgstam, a dénoncé l’inaction de l’UE face à l’implication du Rwanda dans ce conflit. « La présence des troupes RDF sur le sol congolais est intolérable. Le Rwanda profite des richesses minières du Nord-Kivu. Avant même le M23, Kigali était actif dans cette exploitation illégale. Il y a un manque de coordination entre les processus de paix soutenus par l’UE. Il faut agir avec fermeté, » a-t-il plaidé. Il a également évoqué le rôle trouble de l’Ouganda et la nécessité d’une action coordonnée pour mettre fin à l’instabilité persistante dans l’Est de la RDC.
Intervenant par visioconférence, la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, a rappelé son plaidoyer auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies. « Le M23 et l’armée rwandaise ont envahi Goma. Le 28 janvier, le Conseil de sécurité a tenu une deuxième réunion, et mon adjoint a informé les membres de la gravité de la situation. Le M23 étend désormais son contrôle jusqu’à Kalehe, à 65 km de Bukavu. La MONUSCO n’a pas les capacités de défendre la ville. La situation humanitaire est catastrophique, avec des cas de viols massifs et un risque de prolifération des armes, » a-t-elle averti.
Face à cette crise, l’Union Européenne pourrait bientôt annoncer des mesures concrètes contre le Rwanda. La pression diplomatique et économique pourrait contraindre Kigali à revoir son soutien au M23, tandis que la communauté internationale est appelée à renforcer son engagement pour une résolution pacifique et durable du conflit. L’avenir de Goma et de l’Est congolais repose désormais sur la capacité de la communauté internationale à agir avec détermination.
La rédaction de b-onetv.cd