Le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, est arrivé hier à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), pour poursuivre les enquêtes sur les massacres perpétrés dans l’Est du pays. Cette visite s’inscrit également dans la continuité des échanges avec les autorités congolaises sur la question des crimes de guerre et des exactions commises dans cette région en proie à l’insécurité depuis plusieurs décennies.
Lors de son intervention, Karim Khan a lancé un message fort en reprenant le cri d’alarme des populations congolaises : « Trop, c’est trop ! ». Il a ainsi dénoncé la souffrance persistante des civils pris au piège des conflits armés. « Combien de générations de vos enfants peuvent encore être sacrifiées ? Trop, c’est trop ! Ce cri ne vient pas des avocats ou des juristes, mais des enfants et des familles de la République démocratique du Congo. »
Le procureur de la CPI a souligné la complexité de l’insécurité dans l’Est de la RDC, où de nombreux acteurs, internes et externes, interviennent et alimentent le cycle de violence. Il a insisté sur la nécessité pour les Congolais de privilégier la paix tout en appelant à une coopération accrue entre la justice internationale et le gouvernement congolais.
« Le problème n’est pas mineur. Beaucoup d’acteurs ont interféré dans les affaires de ce pays pendant des années. Il y a certes des défis internes à la RDC, mais vos populations doivent choisir la paix et non le conflit. Avec humilité, nous tendons la main à la coopération avec le gouvernement congolais pour trouver une solution globale, holistique et durable afin d’enlever le poison du conflit. »
La présence de Karim Khan à Kinshasa accentue la pression sur Kigali, accusé de soutenir activement les rebelles du M23 et leur allié, l’Alliance Fleuve Congo (AFC). Kinshasa, qui a engagé un bras de fer diplomatique et juridique contre le Rwanda, considère cette visite comme un levier supplémentaire pour exiger des comptes aux responsables des massacres.
Les autorités congolaises insistent sur la nécessité de traduire en justice ceux qui orchestrent l’instabilité dans l’Est du pays. Pour elles, la CPI doit jouer un rôle clé afin que les responsables de cette crise humanitaire soient jugés et que les victimes obtiennent justice.
Emille Kayomba