Après cette énième invasion de l’armée rwandaise sur le territoire congolais, peut-on affirmer que la guerre du Kivu, au-delà de ses enjeux économiques, est devenue un moyen de faire valoir des revendications identitaires ? Les hypothèses se multiplient, évoquant une recolonisation économique visant à créer des divisions ethniques et à perpétuer de prétendues inégalités, même après les indépendances. Pourtant, il est aujourd’hui admis que le génocide rwandais a entraîné un afflux massif de réfugiés rwandais en RDC, ce qui est devenu un prétexte pour justifier un conflit que Kigali cherche à faire porter aux Congolais.
Le conflit entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda serait-il le résultat d’une combinaison de facteurs historiques, politiques, économiques et ethniques ? La région du Kivu et de l’Ituri, situées à l’est de la RDC, est connue pour sa diversité ethnique. On y retrouve : Les Bantous, comme les Bashi et Bembe dans le Sud-Kivu, ainsi que les Nande, Tembe et Mbuti dans le Nord-Kivu. Les peuples de l’Ituri, notamment les Hema, Lendu, Ngiti, Efe et Mbuti.
Les relations entre ces ethnies, notamment celles vivant à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda, sont souvent marquées par des tensions, alimentées par la compétition pour les ressources naturelles et des rivalités historiques. Depuis que ces États voisins ont été sous-traités pour servir des intérêts économiques étrangers, l’Est de la RDC n’a plus connu la paix depuis plus de 30 ans.
Tout a commencé avec l’implantation de groupes armés soutenus par le Rwanda, servant les intérêts d’industriels occidentaux avides des richesses congolaises. Ces groupes ont infiltré la région, créant de nouveaux conflits sur fond de rivalités sociologiques afin de prendre le contrôle des ressources naturelles.
Le Rwanda a mené plusieurs interventions militaires en RDC, justifiant ses actions par la nécessité de sécuriser ses frontières et de lutter contre les FDLR. Cependant, certains observateurs estiment que le gouvernement rwandais instrumentalise ce conflit pour consolider son pouvoir interne en se présentant comme le garant de la sécurité nationale.
L’enjeu principal demeure néanmoins l’exploitation des ressources naturelles : Le coltan, utilisé dans la fabrication de composants électroniques. L’or, la cassitérite, le bois précieux et les terres agricoles. Les ressources en eau, notamment les rivières et les lacs, indispensables à l’agriculture et à la consommation.
La compétition pour les terres arables, exacerbée par la croissance démographique et les changements climatiques, constitue également une source majeure de tensions. Aujourd’hui, les chaînes d’approvisionnement mondiales en minerais congolais sont bien identifiées, impliquant des multinationales profitant du chaos et de l’exploitation illégale des ressources, sans se soucier des conséquences pour les populations locales.
La cohabitation pacifique dans la région des Grands Lacs africains reste un défi majeur, marqué par des problèmes sécuritaires, politiques et socio-économiques, dont le Rwanda est au centre. Face à l’ampleur des violences, des organisations internationales, dont l’Union Africaine, la SADC et l’EAC, ont appelé à un cessez-le-feu et au retrait des troupes étrangères du territoire congolais.
Ces premières mesures doivent être suivies par la mise en place d’un cadre de dialogue interétatique. La communauté internationale, qui ferme les yeux sur les massacres perpétrés à l’Est de la RDC, devrait plutôt soutenir des partenariats entre les gouvernements, les ONG et les organisations internationales afin de promouvoir une paix durable.
La rédaction de b-onetv.cd