L’Assemblée nationale a de nouveau été le théâtre d’un vif débat autour des immunités parlementaires de l’ancien Premier ministre et actuel député Augustin Matata Ponyo. À l’origine de cette relance : une motion incidentielle déposée par le député Alfred Dibandi lors de la plénière de ce mercredi. Il a interpellé le président de la chambre basse, Vital Kamerhe, l’appelant à saisir les autres institutions de la République afin de garantir le respect des prérogatives parlementaires.
Selon Dibandi, le non-respect des immunités de Matata expose dangereusement tous les élus de la Nation, et appelle une réaction ferme de la part de l’Assemblée.
En réponse, Vital Kamerhe a promis d’initier un dialogue avec le président de la Cour Constitutionnelle, Dieudonné Kamuleta, afin d’obtenir des éclaircissements sur la position de la haute juridiction. « Le Président de la Cour Constitutionnelle devait me rencontrer, il ne l’a pas fait. Moi, je vais partir vers lui. Il peut, au-delà de sa lettre, me fournir d’autres explications pour que je comprenne comment la Cour Constitutionnelle peut bypasser les immunités de l’honorable Matata », a déclaré le président de l’Assemblée nationale.
Pour soutenir sa position, Kamerhe a invoqué des précédents judiciaires, citant notamment l’affaire Salomon Kalonda. Il a rappelé que la Haute Cour militaire s’était déclarée incompétente après la validation du mandat sénatorial de Kalonda, en vertu de ses nouvelles immunités. Il a également évoqué le cas de l’ancien président américain Donald Trump, soulignant l’importance du respect des statuts officiels et des procédures légales.
Des avis partagés au sein de l’hémicycle
Alors que plusieurs députés ont manifesté leur soutien à la défense des immunités de leurs collègues, une voix dissonante s’est faite entendre : celle du député UDPS Daniel Aselo. Selon lui, Kamerhe, en tant que chef d’une institution, ne devrait pas interférer dans une affaire judiciaire en cours. Il a suggéré que le président de l’Assemblée consulte des juristes spécialisés avant de se prononcer sur un dossier aussi sensible.
Cette intervention a suscité un tollé dans la salle. De nombreux députés ont jugé la posture de Aselo inopportune et ont réitéré leur appel à Vital Kamerhe pour qu’il assume pleinement son rôle de garant de la sécurité juridique des élus.
Un enjeu institutionnel
Ce nouvel épisode souligne les tensions persistantes entre les institutions dans la gestion des immunités parlementaires. Il met également en lumière la complexité des rapports entre justice et pouvoir législatif en RDC. La rencontre annoncée entre Vital Kamerhe et Dieudonné Kamuleta sera donc scrutée de près, tant par les députés que par l’opinion publique.
Ce débat relance aussi les interrogations sur l’indépendance des pouvoirs et le respect des garanties constitutionnelles dans l’exercice du mandat parlementaire.
La rédaction de b-onetv.cd