Le bureau provisoire de l’assemblée nationale vit ses derniers jours. Christophe Mboso et son équipe doivent organiser dans les prochains jours les élections des membres du bureau définitif de la chambre basse du parlement. Ce prochain bureau aura la lourde tâche de conduire cette institution de la République à un moment crucial de l’histoire de la RDC. Le pays fait face depuis deux ans à une nouvelle agression du Rwanda sous couvert du M23, guerre qui menace même l’existence de la nation congolaise et aussi engager des réformes importantes pour placer le pays au rendez-vous du développement à un horizon proche. Des défis qui nécessitent des choix judicieux à la tête comme parmi les membres de cette institution.

Institué pour parvenir à une fragmentation verticale du pouvoir, une sorte de check balance, le pouvoir arrête le pouvoir, l’assemblée nationale a fait preuve d’une incapacité à s’émanciper de l’exécutif pour devenir une caisse de résonance du gouvernement. Lors des législatures passées, la chambre basse du parlement avait perdu son autorité vis-à-vis de l’exécutif central en termes de capacité de contrôle que des sanctions que dans sa fonction suprême d’autorité budgétaire. Plusieurs contrôles parlementaires se sont terminés sans issue, ou pour terminer comme des motions alimentaires.
Pour remédier à cette situation, le choix du leadership à la tête de l’Assemblée Nationale sera déterminant pour la qualité de l’institution. L’enjeu demeure donc le profil du speaker de la chambre basse et sa capacité à assurer l’indépendance du parlement ainsi que son autorité sur le gouvernement pour un contrôle efficace de l’action publique et des sanctions. Que dire alors de la qualité des élus, élément également important pour la qualité de l’institution. Qui avons nous envoyé à l’assemblée nationale, avec quelles culture politique ? Tout dépendra aussi de la capacité des élus à jouer un rôle important dans la gouvernance malgré le fait que l’actuelle assemblée nationale est monocolore avec une opposition marginale et insignifiante qui promet, tout de même, de jouer sa partition.

En lice pour le perchoir de l’assemblée nationale, deux noms sont mis en avant; deux personnalités qui incarnent deux trajectoires différentes. Vital kamerhe et Christophe Mboso. Le premier incarne la continuité de la coalition cach initiée depuis 2018 à Nairobi au Kenya et qui, malgré les déboires , est resté loyal à Félix Tshisekedi. A défaut d’appliquer l’accord d’alternance signé à Nairobi et la primature, le perchoir de l’assemblée nationale serait une récompense politique. Seul bémol, cette position pourrait lui attribuer de facto la casquette de dauphin de l’actuel président de la république. Une pilule difficile à avaler par ceux qui souhaitent que l’udps succède à l’udps.
Le second incarne le groupe des transhumants du FCC qui ont accompagné le président et qui voit leur influence réduite avec le changement de rapport de force après les élections de décembre dernier. Sa candidature pourrait donc incarner ce courant au sein de l’union sacrée et qui lutte pour sa survie politique. Entre alliés d’hier et nouveaux alliés, la bataille du perchoir de la chambre basse du parlement pourrait créer une ligne de fracture.
Alain Mboma