La crise institutionnelle à l’Assemblée provinciale du Kasaï-Central prend une nouvelle tournure. Daniel Lukusa, président du bureau récemment déchu, entre en bras de fer ouvert avec le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani.
À la suite de la déchéance controversée de cinq membres du bureau de l’Assemblée provinciale, le VPM de l’Intérieur avait convié, par télégramme officiel, les membres du bureau déchu et ceux du bureau d’âge à une réunion de consultation à Kinshasa. Objectif : tenter d’apaiser les tensions et rétablir un climat de dialogue.
Mais Daniel Lukusa, loin de répondre à l’appel, a ostensiblement refusé de se rendre dans la capitale. Pire encore, il a défié l’autorité du gouvernement central en publiant un calendrier électoral pour la désignation de trois membres du bureau : le vice-président, le rapporteur et le questeur. Cette décision unilatérale vient renforcer la fracture entre Kinshasa et Kananga.
Les trois postes concernés avaient été abandonnés par démission lors d’une plénière organisée dans la salle du bâtiment administratif — un lieu non conventionnel, choisi par leurs occupants comme acte de protestation. Ils contestaient alors la légitimité de la séance plénière qui avait conduit à leur déchéance, qualifiée d’irrégulière.
À l’origine de cette instabilité, on retrouve l’invalidation de deux députés provinciaux UDPS, une décision judiciaire vivement critiquée par la fédération locale du parti présidentiel à Kananga. Celle-ci soupçonne une manipulation politique destinée à affaiblir Daniel Lukusa, figure loyale à l’UDPS, et à favoriser une prise de contrôle politique de l’Assemblée provinciale.
Alors que la tension reste vive entre les institutions provinciales et le pouvoir central, cette situation illustre une fois de plus les fragilités du système politique congolais, où conflits de légitimité, décisions judiciaires controversées et rivalités internes menacent la stabilité des assemblées provinciales.
Djodjo Mafuku