Plus 40 milles milliards des francs congolais, soit 16,1 milliards de dollars américains de prévisions budgétaires de 2024, c’est encore osé pour la RDC. Le gouvernement a déposé son projet de loi des finances au parlement, qui doit l’examiner au cours d’une session entièrement dédiée. Le pays qui est passé de 6 milliards de dollars en 2018 à 16 mulliaards en 2023, et l’accroitre à 24,7% une année après, l’opinion se demande d’où seront tirées ces ressources, quand l’on sait que les prévisions de l’exercice en cours sont encore difficiles à satisfaire. Mais ce qui est vrai, le Congo Kinshasa ne manque pas les potentiels pour s’offrir un gros budget à la hauteur de ses ambitions et en tant que l’un des pays les plus riches de la planète en ressources naturelles. Quels sont les efforts mis en place par le gouvernement pour réaliser les recettes utiles au financement de ces précisions budgétaires? Quelles sont les éventuelles tendances des marchés l’année prochaine ?
Depuis les années COVID, suivi de la crise russo-ukrainnienne, tous les marchés du monde se sont affolés. Partant du marché de biens et services à celui des capitaux en passant, même par le marché du travail qui n’a pas échappé à la crise. Sur ce point, les États sont restés un peu plus prudents dans la projection de l’avenir. C’est dans cette logique que le gouvernement de la RDC a baissé et même supprimé quelques charges fiscales sur les entreprises et les biens de première nécessité. En ligne de mire, l’objectif était de protéger le pouvoir d’achat et garder un certain équilibre entre les revenus moyens des ménages et les prix sur les marchés, sans oublier la pression fiscale qu’il faut surveiller en permanence pour ne pas tuer l’économie. D’où dans les prévisions macroéconomiques de l’année prochaine, le gouvernement a tablé sur une croissance de plus ou moins 6%, le taux de change à 2518,3 francs congolais contre 1 dollar américain et l’inflation à 10%.
C’est-à-dire, la vie chère d’aujourd’hui est reconduite, mais cette fois-ci avec un peu moins des spéculations, pourvu que les pouvoirs publics gardent le contrôle sur les stocks des biens de consommation et la structure des prix sur le marché. C’est d’ailleurs l’une des mesures d’encadrement formelles du secteur de l’économie recommandée par les spécialistes pour rendre le terrain favorable à l’optimisation des recettes publiques.
Mais pour son budget, le gouvernement va recourir à ses services d’assiette, l’emprunt, mais surtout pas à la planche à billet, une autre cause majeure de l’inflation et de la dépréciation de la monnaie nationale. La bonne élève de deux dernières années parmi les régies financières demeure la Direction générale des impôts à qui reviendra les assignations d’environ 7 milliards, suivi des recettes administratives et douanières. Cette fois-ci les recettes des provinces seront également suivies de près. C’est ainsi que le gouvernement veut surtout diversifier les niches fiscales, pour ne pas laisser au seul secteur minier le leadership de contribution dans le budget comme d’habitude avec presque 50% de revenus.
C’est peut-être aussi sur la rente pétrolière que la RDC compte augmenter son budget grâce à l’accord signé entre la République Démocratique du Congo et l’Angola. Il a enfin rétabli la RDC dans ses droits sur l’exploitation conjointe des réserves de pétrole situées dans la zone maritime d’intérêt commun – ZIC, sur la façade atlantique des deux pays. Qu’à cela ne tienne, le pays de Félix Tshisekedi devrait maximiser sur la collecte de la TVA qui avoisine les 50% sous d’autres cieux. Le gouvernement veut aussi capitaliser le secteur informel, à travers notamment l’instauration dernièrement du guichet unique de paiement de la patente et l’impôt forfaitaire sur le bénéfice et profit, en faveur des provinces et la direction générale des impôts.
L’optimisation des recettes publiques en 2024, passera aussi par la traçabilité de l’impôt professionnel sur les rémunérations, qui exige aux employés de déposer à l’échange de chaque 30 mars, une déclaration récapitulative individuelle au siège de l’administration fiscale de son entité de résidence. Autres réformes, le gouvernement veut finalement faire payer aux employés locaux des missions diplomatiques accréditées en RDC et aux expatriés membres des agences d’exécution et fonctionnaires internationaux.
Il faux aussi compter avec l’aide au développement des partenaires traditionnels, les dons et comme d’habitude les emprunts. La RDC vit aussi des dettes qui avoisinent 7 milliards aujourd’hui. L’exercice budgétaire 2024 va non seulement en payer quelques millions et en ajouter aussi autant, provenant du FMI, de la Banque Mondiale ou des autres débiteurs, en contrepartie des matières premières du sous-sol congolais. Les raisons d’endettement sont liées notamment à la construction des infrastructures de base, la formation des experts congolais et curieusement aussi, au réajustement de la balance de paiement de salaires des agents publics. Des appuis budgétaires utiles certe, mais coûteux en plus des intérêts qu’ils génèrent pour les créanciers.
Les moyens pour financer sa politique, le gouvernement en a vraiment besoin. Les dépenses de tous ordres, seront effectués notamment pour le processus de la réforme de l’armée, la sécurité et le soutien à l’effort de guerre, l’éducation, la santé sans oublier les investissements dans les secteurs social et des infrastructures. Toutefois, les débats seront houleux au parlement à partir de ce 15 septembre à la rentrée essentiellement budgétaire, où chaque député va se positionner par rapport aussi aux intérêts de son propre fief. Le 1er ministre et ses ministres sectoriels promettent de défendre leur document feuille après feuille, face à une autorité budgétaire qui ne s’avoue jamais vaincue par les politiques gouvernementales très souvent jugées inefficaces. Wait and see!
Constantin Ntambwe