La décision de la Cour constitutionnelle condamnant l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo à 10 ans de travaux forcés continue de susciter une vague de réactions à travers le pays. Rendue ce mardi 20 mai, cette sentence met un terme à une longue saga judiciaire liée au scandale du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, un projet emblématique devenu le symbole d’un vaste détournement de fonds publics.
Matata Ponyo n’était pas seul sur le banc des accusés. Deogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, et l’homme d’affaires Christo Grobler ont, eux aussi, été reconnus coupables et condamnés à cinq ans de travaux forcés chacun. La Cour a également ordonné la confiscation de leurs biens pour compenser le préjudice subi par l’État congolais.
Dans le camp des juristes, les avis sont partagés. Maître Sam Bokolombe souligne que l’arrêt est définitif et sans appel. « Il n’y a plus de débat judiciaire. Le Parquet général près la Cour constitutionnelle doit désormais faire exécuter cette décision », a-t-il affirmé.
De son côté, l’avocat de Matata, Me Laurent Onyemba, a dénoncé un procès biaisé, estimant que la vérité a été sacrifiée sur l’autel de considérations politiques. « C’est une décision construite sur des chiffres et faits manipulés. Elle compromet l’édification d’un véritable État de droit », a-t-il déclaré.
Sur le plan politique, les réactions ne se sont pas fait attendre. Pour le député national Steve Mbikayi, cette condamnation illustre une volonté ferme de mettre fin à l’impunité : « Sous le leadership du Président Tshisekedi, l’ère des intouchables est révolue. Même les anciens hauts responsables doivent répondre de leurs actes », a-t-il commenté sur X (ancien Twitter).
L’arrêt prononcé par la Cour va au-delà de la sanction pénale : Matata Ponyo perd également son droit de vote pour une durée de cinq ans, une décision qui scelle temporairement son avenir politique.
Cette affaire, qui aura marqué l’opinion publique, pourrait constituer un précédent fort dans la lutte contre la corruption en RDC. Elle pose aussi la question de la justice sélective et du respect des droits de la défense, dans un climat politique de plus en plus polarisé.
Emille Kayomba