Face à la dégradation rapide de la situation sécuritaire et humanitaire à Goma, la République Démocratique du Congo (RDC) a intensifié son plaidoyer auprès du Conseil de sécurité de l’ONU. La ministre d’État en charge des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, a appelé à des sanctions fermes contre le Rwanda, accusé de soutenir activement les rebelles du M23 dans leur offensive contre les FARDC.
Les combats ont plongé la ville de Goma dans une situation critique. Privée d’eau, d’électricité et d’assistance humanitaire, la population est prise au piège des affrontements. Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), plus de 500 000 personnes ont été déplacées en janvier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. « Il y a 48 heures, nous avons alerté ce Conseil sur la déclaration de guerre du Rwanda contre mon pays. Aujourd’hui, la ville de Goma est privée de tout. Des milliers de civils sont abandonnés à leur sort », a déclaré la cheffe de la diplomatie congolaise.
Face à la poursuite des attaques du M23 et à l’implication avérée des forces de défense rwandaises, Kinshasa exige une réponse internationale forte. La ministre a rappelé que malgré les avertissements du 26 janvier, Kigali poursuit son offensive et bombarde des infrastructures civiles. « Le Rwanda a démontré qu’il se moque des déclarations de ce Conseil. Il est temps de passer des paroles aux actes. Si ce Conseil ne sanctionne pas, l’histoire retiendra son impuissance et son indifférence face à cette crise », a martelé Thérèse Kayikwamba.
La RDC exige le retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais. L’imposition de sanctions ciblées contre les hauts responsables militaires du Rwanda et du M23. Un embargo sur les ressources naturelles pillées par le Rwanda et commercialisées illégalement. La révocation du Rwanda en tant que membre du Conseil de sécurité pour son rôle dans l’agression. Elle a également mis en garde contre une explosion sociale si la communauté internationale restait passive : « La rue pourrait se charger de cette situation si nous échouons ici. »
Le représentant de la France à l’ONU a vivement condamné l’agression contre Goma et a rappelé les précédentes crises dans l’Est de la RDC. « À l’heure où nous parlons, le M23 prend le contrôle de Goma avec le soutien actif du Rwanda. Cela doit constituer un signal d’alerte pour ce Conseil, comme il y a 12 ans. » Paris réitère sa solidarité avec la RDC et appelle au respect du processus de Luanda, qui exige le retrait des troupes rwandaises et la neutralisation des groupes armés, y compris les FDLR.
D’autres puissances, dont les États-Unis, la Chine et la Russie, ont exprimé leurs préoccupations et appelé à une désescalade immédiate. Le Royaume-Uni a insisté sur l’urgence humanitaire et appelé à un accès sans entrave pour les ONG. La Russie a promis d’utiliser toutes ses possibilités diplomatiques pour stabiliser la région. La Chine a réaffirmé son soutien à l’intégrité territoriale de la RDC et demandé au Rwanda de retirer ses troupes. Le Sierra Leone a rendu hommage aux casques bleus tombés au front, victimes d’attaques du M23. L’Afrique du Sud a proposé un renforcement du mandat de la MONUSCO afin de mieux protéger la population civile.
Alors que la pression internationale monte, Kinshasa ne compte pas attendre. L’armée congolaise, sous le commandement du nouveau gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général-major Somo Kakule Evariste, organise la contre-offensive pour reprendre le contrôle de Goma. Dans les prochains jours, le Conseil de sécurité devra prendre une décision qui marquera l’histoire. La communauté internationale restera-t-elle spectatrice de l’expansion du M23, ou prendra-t-elle enfin des mesures concrètes pour restaurer la paix dans l’Est de la RDC ?
La rédaction de b-onetv.cd