La tension monte d’un cran dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) après la rupture unilatérale de l’accord entre l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). À l’origine de cette escalade, de violents affrontements à Goma dans la nuit du 11 au 12 avril, et des accusations lancées par le M23 contre la force régionale de la SADC, la SAMIDRC.
Dans un communiqué rendu public ce lundi 14 avril, la SADC a exprimé sa profonde inquiétude face aux déclarations du M23 qui l’accusent d’avoir mené, aux côtés des Forces armées de la RDC (FARDC), des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et de la milice Wazalendo, des opérations militaires conjointes à Goma contre ses positions.
« La SADC réfute fermement ces allégations. La SAMIDRC n’a participé à aucune opération conjointe. Ces affirmations sont inexactes et trompeuses », indique le communiqué, rappelant que la mission régionale est actuellement en phase de retrait structuré et coordonné, selon les décisions du Sommet des chefs d’État de la SADC.
La SADC a également réaffirmé son attachement aux engagements pris lors de la réunion consultative du 28 mars 2025 à Goma avec les dirigeants du M23, appelant toutes les parties à la retenue, à la responsabilité et à éviter la désinformation, dans l’intérêt de la paix et de la stabilité dans la région.
Dans un communiqué publié vendredi 12 avril, l’AFC/M23 a annoncé la rupture de son accord avec la SADC, qu’il accuse de partialité et d’avoir rompu sa neutralité. Le groupe rebelle, qui contrôle Goma depuis fin janvier, affirme que des attaques ont été menées dans la nuit du 11 avril par les forces de la SAMIDRC en coordination avec les FARDC, mettant en danger la sécurité des civils et compromettant notamment le projet de réhabilitation de l’aéroport de Goma.
Le M23 exige désormais le retrait immédiat des troupes de la SAMIDRC et la reddition des FARDC stationnées dans les installations de la MONUSCO. Il qualifie les événements récents de violation grave des engagements de cessez-le-feu et d’obstacles majeurs aux efforts diplomatiques.
Les combats de la nuit du 11 au 12 avril ont été d’une intensité rare, selon plusieurs sources locales. Des échanges de tirs nourris et des explosions ont été signalés dans les quartiers de Kyeshero, Ndosho et Mugunga, semant la panique parmi la population. Aucun bilan officiel des pertes humaines ou matérielles n’a encore été communiqué.
Cette flambée de violence survient alors qu’un accord avait été trouvé fin mars à Goma entre les chefs d’état-major de la SADC et les responsables du M23 pour organiser un retrait pacifique des troupes régionales et instaurer un cessez-le-feu durable.
Mais la rupture de cet accord remet tout en question et risque de plonger davantage la région dans l’instabilité, dans un contexte où la présence du M23 — mouvement soutenu par le Rwanda selon les autorités congolaises et l’ONU — continue d’être un facteur majeur de déstabilisation dans l’Est du pays.
La rédaction de b-onetv.cd