Les Églises catholique et protestante de la République démocratique du Congo (RDC) ont accueilli favorablement l’annonce des négociations directes entre le gouvernement congolais et la rébellion de l’AFC/M23 à Luanda, en Angola, dès le 18 mars prochain. Dans un communiqué publié depuis la capitale angolaise, où elles séjournent encore après une rencontre avec le président João Manuel Gonçalves Lourenço, médiateur de l’Union africaine dans la crise, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) ont exprimé leur soutien à cette initiative.
Les deux confessions religieuses estiment que ce dialogue direct entre Kinshasa et l’AFC/M23 constitue « un prélude au dialogue global et inclusif devant forger un consensus national sur le processus accéléré de pacification et de redressement intégral » de la RDC. Depuis plus d’un mois, elles mènent des consultations de haut niveau au pays et à l’étranger dans le cadre de leur programme « Pacte Social pour la Paix et le Bien-Vivre Ensemble en République Démocratique du Congo et dans les Grands Lacs », une initiative visant à favoriser le retour de la paix dans l’est du pays.
Dans leur déclaration, la CENCO et l’ECC exhortent toutes les parties impliquées à négocier « sincèrement » afin de mettre un terme aux souffrances des populations meurtries par les violences incessantes dans la région. « Nous invitons les acteurs concernés à saisir la main tendue du Président João Manuel Gonçalves Lourenço, à s’investir sincèrement dans ce processus de négociations de paix, dans un esprit constructif, et à réunir urgemment les conditions du cessez-le-feu immédiat », ont-elles souligné.
Si la RDC reconnaît avoir reçu l’invitation de l’Angola pour ces pourparlers, elle n’a pas encore confirmé sa participation. Le gouvernement congolais insiste sur la nécessité de respecter les cadres établis par la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que les conclusions du sommet de Dar es Salaam.
« Si cela devait se faire, ça doit être dans le cadre de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui nous renvoie aux deux processus de Luanda et Nairobi », a précisé Tina Salama, porte-parole du président Félix Tshisekedi. Selon elle, le M23 doit être intégré au processus de Nairobi, qui concerne les groupes armés, tandis que le dialogue politique avec le Rwanda se tient à Luanda.
Alors que les préparatifs du dialogue de Luanda se poursuivent, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a tenu un sommet extraordinaire ce jeudi 13 mars pour évaluer la situation sécuritaire en RDC. À l’issue de cette rencontre, la SADC a annoncé la fin du mandat de sa force militaire déployée au Nord-Kivu (SAMIDRC), qui avait été envoyée pour combattre l’AFC/M23.
Ce retrait intervient dans un contexte où les rebelles ont récemment pris le contrôle de Goma et Bukavu, bloquant les principales voies d’approvisionnement et exacerbant la crise humanitaire.
Face à cette situation, l’issue du dialogue de Luanda sera déterminante pour l’avenir du processus de paix en RDC. La communauté internationale, les médiateurs régionaux et les acteurs politiques congolais devront conjuguer leurs efforts pour trouver une solution durable à un conflit qui menace la stabilité de toute la région des Grands Lacs.
Junior Kulele