La position de Kinshasa est donc claire : il s’agit d’un alignement des processus de Luanda et de Nairobi, et non d’une fusion, afin de préserver les spécificités de chaque cadre de négociation. L’objectif est d’assurer une complémentarité sous l’égide de l’Union africaine, plutôt que de diluer les acquis de chaque initiative.
En insistant sur cet alignement, la RDC maintient également sa ligne dure envers le M23, en le renvoyant exclusivement au processus de Nairobi. Kinshasa refuse toute négociation directe avec le M23, qu’elle considère comme une force supplétive du Rwanda. Le gouvernement congolais mise sur l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, qui bénéficie de la confiance du président Félix Tshisekedi, pour mener ce dialogue dans le cadre de Nairobi.
Cependant, cette divergence avec la position de la SADC et de l’EAC, qui prônent une fusion des deux processus, crée une friction dans la coordination des efforts diplomatiques régionaux. Le report sine die de la réunion ministérielle de la SADC-EAC à Harare témoigne peut-être de ces désaccords sous-jacents.
L’Union européenne, par la voix de son représentant spécial pour les Grands Lacs, Johan Borgstam, semble aussi hésitante face à l’idée d’une fusion, préférant une approche plus claire et structurée pour éviter toute confusion.
Ce positionnement congolais met donc les organisations régionales face à un choix stratégique : doivent-elles imposer une fusion des processus malgré la réticence de Kinshasa, ou s’aligner sur la volonté congolaise pour préserver une dynamique diplomatique cohérente ?
Junior Kulele