Alors que la crise sécuritaire s’intensifie dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, ses conséquences humanitaires et sanitaires deviennent de plus en plus préoccupantes. Lors d’un point de presse tenu à Kinshasa, le Ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévoyance Sociale, Dr Samuel Roger Bamba, a dressé un état des lieux alarmant de la situation et exposé les mesures prises par le gouvernement congolais pour y faire face.
Les récents affrontements entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les éléments du M23, soutenus par l’armée rwandaise, ont gravement impacté la population civile. Selon le ministre de la Santé, les pertes humaines et matérielles sont considérables : 3 000 morts, dont 458 corps enterrés en seulement cinq jours et 939 encore entreposés dans les morgues ; 4 260 blessés, nécessitant une prise en charge médicale urgente.
La paralysie de l’administration locale aggrave la situation, rendant l’inhumation des victimes difficile et augmentant les risques sanitaires liés à la décomposition des corps. Des infrastructures médicales ciblées et un risque épidémique accru. Le secteur de la santé a été particulièrement touché par les attaques du M23. Plusieurs structures hospitalières ont été endommagées ou pillées, notamment trois centres de traitement de la mpox (variole du singe). Parmi les 143 patients qui y étaient soignés, seuls 43 ont pu être retrouvés après la prise de Goma.
Le ministre a alerté sur le risque élevé de propagation des maladies épidémiques, avec : 92 cas confirmés de choléra ; Une menace accrue de mpox ; Une surveillance renforcée de la résurgence possible d’Ebola en Ouganda ; Une alerte sanitaire concernant Melbourne au Rwanda.
Par ailleurs, les dépôts de médicaments et de matériel médical fournis par des organisations humanitaires telles que le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et Médecins Sans Frontières (MSF) ont été pillés. Les stocks de médicaments actuellement disponibles à Goma ne suffiront que pour une semaine, a averti le ministre.
Face à l’urgence sanitaire, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a réussi à négocier l’ouverture d’un corridor humanitaire reliant Nairobi (Kenya) et Kigali (Rwanda) afin d’acheminer des fournitures médicales et du personnel. Toutefois, le Rwanda a initialement exigé le paiement de taxes, avant de revenir sur cette décision.
Le gouvernement congolais reste ferme sur la nécessité d’acheminer d’urgence des médicaments, du matériel médical et des soignants qualifiés. « Les médecins sur place sont épuisés et une relève est impérative, notamment avec l’envoi de chirurgiens spécialisés, car de nombreux patients souffrent de blessures par balle », a insisté le Dr Samuel Roger Bamba.
En attendant la mise en œuvre complète du corridor humanitaire, plusieurs mesures d’urgence ont été prises : Le Centre de Transfusion Sanguine a lancé une campagne de don de sang intitulée « Don du sang pour les FARDC et les Wazalendo », visant à collecter 5 000 poches de sang. Actuellement, 2 900 poches ont déjà été mises à disposition ; L’envoi de kits de traumatologie, essentiels pour la prise en charge des blessés ; Un partenariat renforcé avec l’OMS, le CICR et l’OCHA pour organiser le transport des médicaments et du matériel médical via Kigali et Nairobi.
Le ministre de la Santé a conclu en réaffirmant la volonté du gouvernement congolais de tout mettre en œuvre pour éviter une catastrophe sanitaire majeure. Il a également lancé un appel à la mobilisation nationale et internationale pour soutenir les populations affectées et renforcer la riposte humanitaire. Face à cette crise, la solidarité et la rapidité d’action sont cruciales pour limiter les conséquences sanitaires désastreuses qui menacent déjà la région.
La rédaction de b-onetv.cd