Réunis ce dimanche 8 septembre 2025 à Sipopo, en Guinée équatoriale, pour leur 7ᵉ sommet extraordinaire, les Chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ont tiré la sonnette d’alarme face à la dégradation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo. Dans leur communiqué final, ils appellent avec insistance à la mise en œuvre immédiate de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée pour répondre à cette crise persistante.
Le sommet a été marqué par une intervention musclée du Président congolais Félix Tshisekedi, venu alerter ses homologues sur l’occupation de larges pans du territoire national par les rebelles du M23/AFC, accusés de bénéficier d’un soutien actif du régime rwandais. Les discussions ont permis de dresser un tableau complet de la situation sécuritaire en RDC, décrite comme « explosive » par plusieurs délégations. La Conférence a réaffirmé sa solidarité envers Kinshasa et son soutien aux efforts régionaux et internationaux de restauration de la paix.
En parallèle, la RDC multiplie les initiatives diplomatiques. Des négociations sont toujours en cours à Washington, Doha et dans plusieurs capitales africaines. Bien que menés séparément avec Kigali et les rebelles du M23/AFC, ces pourparlers visent à ouvrir une brèche vers une solution durable. La Conférence a salué ces efforts tout en exhortant les parties à passer des discours aux actes, notamment en respectant scrupuleusement les engagements pris.
Au-delà de la crise congolaise, le sommet a désigné Ézéchiel Nibigira, ambassadeur du Burundi, comme nouveau Président de la Commission de la CEEAC pour un mandat de cinq ans. Il succède au Capverdien Gilberto P. Verissimo, dont le mandat a pris fin.
Les dirigeants de la région lui confient une mission cruciale : Restaurer la crédibilité de la Commission, ébranlée par des critiques sur sa gouvernance; Poursuivre les réformes institutionnelles entamées depuis 2015; Et surtout, suivre de près la situation sécuritaire en Afrique centrale, avec un accent particulier sur l’Est de la RDC, épicentre des tensions régionales.
La rencontre de Sipopo aura ainsi servi de tribune politique majeure pour rappeler l’urgence d’une action collective. Si la résolution 2773 doit désormais sortir des tiroirs de l’ONU, l’élection de Nibigira symbolise aussi la volonté de la CEEAC de s’imposer comme un acteur crédible de la sécurité régionale. Reste à voir si ces engagements politiques se traduiront rapidement en mesures concrètes sur le terrain.
Emille Kayomba
