Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), organe de régulation des médias en République démocratique du Congo se propose de faire vivre aux congolais des moments historiques des débats des candidats présidents de la République sur la campagne électorale. Une première, mais très essentielle pour la démocratie congolaise qui se consolide chaque jour qui passe. Réuni ce lundi 06 novembre, le CSAC a enfin résolu de permettre à tout candidat d’exposer sur sa vision pour l’avancement de la RDC. Ça sera en format émission télévisée qui sera diffusée à la Radio télévision nationale congolaise (RTNC).
Le tirage au sort aura lieu ce vendredi 10 novembre dans le cadre d’une soirée des élections qui sera organisée pour établir l’ordre de passage pour les 26 candidats. 12 journalistes qui seront choisis pour leur expérience et notoriété, auront la lourde tâche d’animer ces séquences audiovisuelles, annonce le rapporteur du CSAC Oscar Kabamba. Parmi les thèmes qui seront abordés par les candidats en termes de panel, il y a la politique nationale, l’administration territoriale, la justice, la sécurité mais aussi la diplomatie. Mais, parce qu’il y a un mais, le CSAC a fait savoir qu’il y a des contraintes notamment d’ordre financier. Pour ce faire, il a lancé un appel au gouvernement afin que le financement de cette étape qu’il qualifie de « cruciale » du processus électoral se tienne.
Pourquoi des débats contradictoire entre candidats présidents de la République ?
Il faut d’abord souligner ici qu’il n’est pas question, dans ce format du CSAC pour décembre 2023, des débats contradictoires entre candidats. Il s’agit des enregistrements des émissions entre candidats et les professionnels de la presse. La République démocratique du Congo a raté l’occasion de voir les prétendants à conduire à sa destinée se confronter les visions du pays, pour éclairer le choix des congolais. C’était en 2006, au premier cycle électoral de la 3e République. Répondre à la question sur la nécessité ou l’opportunité des débats contradictoires, c’est rechercher même l’essence d’un système démocratique représentative dans un État, car le sens premier de la démocratie, c’est que l’homme est mis au centre de l’action publique menée ou qui sera menée par les prochains dirigeants en faveur du peuple (Électeurs) qui les mandate.
Les débats permettent d’informer les électeurs sur ce que les candidats présentent comme idées, programmes et positions sur les questions importantes qui touchent à la nation. Cela permet aux électeurs de mieux comprendre les différentes options et de prendre des décisions de vote avec toute conscience. Aux candidats, ils leur permettent de confronter leurs visions et leurs propositions, ce qui est une occasion de mettre en évidence les différences entre eux. Cela donne aux électeurs une perspective comparative et leur permet de juger quel candidat correspond le mieux à leurs valeurs et à leurs préoccupations. Les candidats auront l’occasion de défendre leurs thèses, de recevoir des critiques. Somme toute, les débats contradictoires procèdent aussi de la crédibilité d’un processus électoral, éleve le débat au niveau national, tel que vécu en RDC, axé sur les individus, en faveur d’une vraie démocratie.
Nécessité du retour à un scrutin présidentiel à deux tours.
Quoi que l’on dise, il est clairement établi que cet exercice des débats contradictoires n’est aisé que dans un scrutin à deux tours, comme en France, ou dans un système de parti politique bipolaire comme aux Etats Unis. Le tout passe par les primaires au sein des forces politiques. En République démocratique du Congo, le dernier décompte fait état de plus de 900 partis politiques. Les candidatures à la présidentielle de décembre 2023, sont au nombre de 26. Ce qui rendra sûrement la machine lourde pour le CSAC, qui lui aussi veut innover dans la manière de faire, pendant la période électorale entant que régulateur.
A ces conditions de 26 candidats, il sera difficile que les électeurs captent un programme et orientent son choix de manière objective. Si l’une des fonctions des débats pour la présidentielle est d’informer les électeurs sur différentes visions en présence, nous allons tomber sûrement dans le travers du principe des sciences de la communication qui dit : » trop d’infos tue l’info« . La démocratie congolaise ne cesse de monter d’un cran, les pratiques qui l’accompagnent doivent aussi suivre. A en croire certaines sources dans le monde de recherche scientifique, il sera superfétatoire de faire des débats aux allures d’un spectacle, car l’avenir de la nation congolaise en dépend. Il y a nécessité de rentrer à un système électoral à deux tour pour la Présidentielle.
Dans l’entre-temps, les congolais sont curieux de contempler ce que ces débats signés CSAC vont donner. Encore, il faut dire que certains candidats ont deja donné leur accord de principe, c’est le cas d’Adolphe Muzito et Delly Sesanga.
Émille Kayomba