Ce mercredi, le président français Emmanuel Macron accueille à l’Élysée une délégation conjointe de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC). Cette rencontre s’inscrit dans une dynamique de consultations menées depuis plus d’un mois par ces deux organisations religieuses en quête de solutions pour mettre fin à la crise persistante dans l’Est de la RDC.
Au cœur de cette initiative, la CENCO et l’ECC portent un projet ambitieux intitulé « Pacte Social pour la Paix et le Bien-Vivre Ensemble en République Démocratique du Congo et dans les Grands Lacs ». L’objectif est d’instaurer un cadre de dialogue inclusif pour favoriser une solution durable à la crise, en prenant en compte les aspirations des populations locales, les acteurs politiques et les parties prenantes du conflit.
Dans le cadre de cette médiation, la délégation a déjà rencontré plusieurs chefs d’État de la région, notamment ceux de l’Angola, du Congo-Brazzaville, de l’Ouganda, du Rwanda et du Kenya, ainsi que le président Félix Tshisekedi. Des échanges ont également eu lieu avec les responsables de la rébellion du M23/AFC, un acteur clé du conflit.
En recevant cette délégation, Emmanuel Macron affirme la volonté de la France de jouer un rôle plus actif dans la résolution de la crise. L’Élysée a précisé que le chef de l’État réaffirmera la nécessité d’un effort diplomatique en faveur d’un cessez-le-feu et d’une solution négociée pour restaurer pleinement la souveraineté de la RDC sur son territoire.
La position française est cependant délicate. Kinshasa considère que le M23 est un mouvement terroriste soutenu par le Rwanda et rejette tout dialogue direct avec les rebelles. De son côté, Kigali nie toute implication dans les violences, tandis que le M23 réclame une reconnaissance officielle comme acteur politique légitime. Dans ce contexte, la France peut-elle réellement peser sur la balance et faciliter un compromis entre toutes les parties ?
Les enjeux de cette rencontre
Renforcer la pression diplomatique sur Kigali : alors que l’Union européenne a récemment adopté des sanctions contre des responsables rwandais, la France pourrait pousser pour un durcissement des mesures si Kigali ne change pas de posture.
Soutenir une approche inclusive de la paix : en accueillant la CENCO et l’ECC, Paris met en avant la dimension sociale et humanitaire du conflit, en insistant sur l’importance d’une solution qui ne soit pas uniquement militaire.
Préparer la suite du processus diplomatique : avec la médiation du Qatar et les négociations de Doha qui s’annoncent, la question se pose : les initiatives de Luanda et de Paris peuvent-elles s’aligner avec celles du Qatar ou risquent-elles de créer des divergences stratégiques ?
La présence des leaders religieux congolais à l’Élysée témoigne d’une reconnaissance de leur rôle crucial dans la quête de paix. Mais les initiatives diplomatiques se sont multipliées ces dernières années sans succès notable. Le véritable défi est désormais d’assurer un suivi efficace des engagements pris lors de ces échanges.
Alors que la situation sécuritaire reste alarmante, cette rencontre à Paris pourra-t-elle insuffler un nouvel espoir de désescalade, ou restera-t-elle une simple déclaration de bonnes intentions ? Tout dépendra de la volonté réelle des acteurs impliqués à transformer le dialogue en actions concrètes.
Junior Kulele