Encore aujourd’hui représentée par ses bérets verts, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo alors Zaïre fut pendant près de trois décennies l’un des symboles de puissance d’un pays unifié. Dans cet épisode, plusieurs nostalgiques retracent comme dans des lettres intimes d’anonymes, les moments qui ont façonné le mythe de l’Armée congolaise. Ces derniers étaient fiers de nous décrire les victoires de nos forces de défense.
Le samedi 17 mai 1997 avait vu le plus grand Etat francophone du monde basculer, de la République du Zaïre, sous Mobutu Sese Seko, à la République Démocratique du Congo, de Laurent Désiré Kabila en tête des troupes de l’alliance des forces démocratiques pour la libération. Ces troupes sont hétéroclites, hormis les kadogo, jeunes soldats recrutés après la prise de Goma, les forces de l’AFDL sont composées en majeur partie par des rwandais et ougandais, principaux alliés de Laurent Désiré KABILA.
Le 2 Août 1998, une année après, la deuxième guerre de la RDC s’éclate, cette fois ci entre les forces armées du Congo, FAC et les rebelles du RCD, du MLC et d’autres rebellions hostiles au pouvoir de Kinshasa. Le dialogue de Sun City décida de la nécessité de créer une nouvelle armée, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo. Il fallait donc brasser les éléments de l’EX Forces Armées Zaïroises, ceux des Forces Armées Congolaises restés fidèles au pouvoir de Kinshasa, les armées du RCD et ses corollaires ainsi que ceux du MLC, des groupes armés nés de l’insécurité généralisée dans l’Est du pays.
A partir de ce moment, le soleil s’est couché sur l’armée congolaise dépassée au cœur d’un ultime bataille depuis plus de vingt ans dans l’Est, peu équipée et sous motivée, elle ose à peine résister devant les forces négatives.
En 2009, le plan de reforme au sein des FARDC est lancé. Avec pour but réorganiser l’armée, l’ancienne organisation n’étant plus adaptée aux menaces et aux défis auxquelles elle est confrontée. Ainsi pour mener à bien cette mission, plusieurs options ont été mises alors sur la table entre autres la réouverture des certaines écoles militaires telle que l’Académie militaire de Kananga autrefois Ecole de Formation des Officiers « EFO », la subdivision du territoire national en 3 Zones de défense.
Une reforme qui a fait ses preuves lors de l’attaque du Mouvement 23 Mars à Goma en 2012. Cette campagne a permis aux forces loyalistes de lancer une offensive sur les ennemis de la Nation. Cette offensive salutaire n’est qu’apparente, les FARDC sont rongées par plusieurs maux, le détournement de fonds destinés à la Campagne, le manque de logistique mais aussi plusieurs actes de trahisons de certains Officiers.
En 2018, le général d’armée Célestin Mbala a été promu chef d’état-major général, une nomination qui a donné de l’espoir. Cet officier général a œuvré pendant plusieurs années comme chef d’état – major adjoint Chargé de l’administration et Logistique. En Janvier 2019, Félix-Antoine Tshisekedi arrive au pouvoir avec comme ambition de poursuivre la reforme de l’appareil sécuritaire et de monter une armée forte et professionnelle.
Les mutations socio-économico-politiques qui se sont opérées sur le territoire national ont amené le peuple congolais à relativiser les jugements sur les Fardc. Après des danses désordonnées dans certaines institutions du pays telle que l’Assemblée Nationale mais aussi au sein de la population de l’Est du pays meurtrie par des attaques récurrentes des groupes armées, plusieurs voeux de voir un changement de commandement des Forces Armées de la RDC.
Le lundi 03 Septembre 2022 par ordonnance présidentielle lue à la télévision nationale, le commandant suprême nomme un nouveau chef d’état-major général, le lieutenant général Christian Tshiwewe Songeshya. Il sera secondé par deux chefs d’état-major général adjoint l’un chargé des Opérations et Renseignement le Général Ishaligonza Nduru Jacques et l’autre chargé de l’administration et logistique le général-major Léon Richard Kasonga Cibangu.
Le nouveau état-major général devra faire face à plusieurs guerres sur plusieurs fronts entre autres réorganiser les unités tactiques, relever le moral des militaires, donner l’effectif réel des militaires redorer l’image des FARDC ternie. Mais le grand défi reste la récupération de Bunagana. L’adoption de la loi sur la programmation militaire, paraît ainsi être le maître mot de toute la politique sécuritaire. Elle va sans doute outillé les forces de défense et son commandement pour réussir le pari.
La RDC, pays grandiose où tout est démesuré : La nature, la faune, la richesse et son armée doit aussi l’être. Pour beaucoup, cette armée est un gigantesque tonneau des Danaïdes où tout disparaît sans espoir de retour. Avec toujours un parfum de déroute, partout, comme à Bunagana. La déconfiture des Fardc obéit au même scénario infernal d’un manque d’organisation. Le nouveau commandement hérite d’une mission suicide : réorganiser le néant.
La rédaction de b-onetv.cd