Le Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde Mambu, hausse le ton face à la multiplication des cas d’évasions et de libérations jugées illégales dans les établissements pénitentiaires de la République démocratique du Congo. Dans une correspondance officielle adressée aux procureurs généraux près les Cours d’appel du pays, il appelle à une mobilisation immédiate pour retrouver et réincarcérer les individus sortis « en dehors de tout critère légal ».
Le message du haut magistrat est sans équivoque : « Je vous instruis instamment d’intensifier les recherches de ces hors-la-loi et de veiller à leur remplacement effectif en détention. » Parmi les cas les plus préoccupants figurent de nombreux détenus de la prison centrale de Makala, à Kinshasa, qui auraient quitté leur lieu de détention dans des circonstances irrégulières, voire suspectes.
Ces individus, selon le Procureur général, ne sont pas de simples contrevenants. Il s’agit pour la majorité de condamnés ou de prévenus impliqués dans des infractions graves : Meurtres, Tortures corporelles, Atteintes à la sûreté de l’État, Vols à main armée, Activités des gangs urbains dits Kuluna.
Cette situation soulève de graves inquiétudes sécuritaires, dans un contexte où l’État de droit est déjà mis à mal par des tensions sécuritaires à l’Est et une justice confrontée à de nombreux défis logistiques et éthiques. La multiplication des évasions — parfois orchestrées, parfois facilitées par la corruption ou l’insuffisance des dispositifs de sécurité — compromet gravement l’autorité judiciaire, estime Firmin Mvonde, qui appelle à la responsabilité directe des autorités judiciaires de terrain.
La circulaire du Procureur général fait office d’alerte nationale et place les juridictions du pays devant une exigence de résultats. Elle pourrait déboucher sur : L’ouverture d’enquêtes administratives internes, la suspension ou sanction de certains responsables pénitentiaires, la mise en place d’une base de données nationale pour tracer les mouvements carcéraux.
Ce rappel à l’ordre de Firmin Mvonde intervient dans un climat judiciaire tendu, alors que la justice congolaise est régulièrement accusée de laxisme, voire de connivence avec certains réseaux criminels ou politiques. Le Procureur entend redonner à l’appareil judiciaire sa rigueur et sa crédibilité. « Aucune personne poursuivie pour des faits graves ne peut, sans décision régulière, se retrouver dans la rue. Cela mine l’autorité de l’État et met en danger la population », confie une source judiciaire proche du dossier.
Avec cette instruction ferme, le parquet général près la Cour de cassation entend reprendre le contrôle d’un système pénitentiaire fragilisé, et envoyer un message clair : la fuite ne garantit ni l’impunité, ni l’oubli.
La rédaction de b-onetv.cd