L’assassinat en plein jour de l’artiste engagé Delphin Katembo, alias Delcat Idengo, à Goma ce jeudi 13 février 2025, a suscité une vive indignation à travers le pays. Alors qu’il tournait le clip de sa chanson Bunduki za kwetu (« Les armes de chez nous » en swahili), dénonçant l’occupation du Kivu par l’armée rwandaise, il a été froidement abattu.
Cet acte, attribué aux combattants du M23/AFC, a provoqué une onde de choc à travers la classe politique, la société civile et la population congolaise, chacun exprimant son indignation face à cette disparition brutale.
La ministre des Droits de l’Homme, Chantal Chambu, a condamné fermement cet assassinat et promis des poursuites judiciaires contre les auteurs. « Idengo était un artiste courageux qui dénonçait les injustices et les atrocités commises à l’Est de la RDC. La terreur et la violence aveugle contre des civils innocents ne feront pas taire la quête de justice et de liberté à Goma et dans tout le pays », a-t-elle déclaré.
Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a également réagi avec force : « Ni l’horreur, ni la terreur, encore moins le recours aux armes contre des civils innocents ne pourront éteindre la flamme de la résistance. Aujourd’hui, la liste de nos martyrs s’est allongée avec Idengo Delcat, qui avait choisi d’utiliser son art pour dire NON à la barbarie rwandaise sur notre territoire. La justice sera rendue. »
La ministre de la Jeunesse et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté, Noëlla Ayeganagato, a insisté sur la nécessité de poursuivre le combat pour la souveraineté du pays. « Il n’y aura jamais assez de balles pour faire taire tous les Congolais déterminés à défendre notre souveraineté. Delcat Idengo a payé de sa vie son engagement contre l’occupation et la barbarie. Il devient un symbole de l’éveil patriotique que nous avons le devoir de venger. »
De son côté, la ministre de la Culture, Arts et Patrimoine, Yolande Elebe, s’est dite profondément attristée. « À travers sa musique, il portait les aspirations et les espoirs d’une génération. Mes condoléances à sa famille et à ses proches. »
L’opposition congolaise n’a pas tardé à s’exprimer. Martin Fayulu s’est interrogé : « Qui a assassiné Idengo Delcat à Goma et pour quelles raisons ? La nation perd un patriote engagé pour la cohésion nationale. Je pleure sa disparition. Il est temps que cette guerre prenne fin. L’humanité avant tout. »
Moïse Katumbi, quant à lui, a rappelé que l’artiste était un modèle pour de nombreux jeunes dans un pays miné par l’injustice et les antivaleurs. « Je condamne avec la plus grande fermeté cet assassinat lâche. En novembre 2023, j’avais rendu visite à sa fille alors qu’il était emprisonné pour ses opinions. Ses meurtriers doivent être identifiés et sévèrement punis. »
Dans les rues, la colère gronde. À Beni, ville natale de l’artiste, des manifestations ont éclaté pour dénoncer cet acte criminel. La population refuse de voir disparaître une voix qui portait leurs souffrances et leurs aspirations. L’assassinat de Delcat Idengo marque un tournant dans le climat déjà tendu à l’Est de la RDC. Entre indignation et promesses de justice, le pays retient son souffle en attendant que lumière soit faite sur ce drame.
Emille Kayomba