Les activités scolaires et académiques à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, n’ont pas repris comme prévu ce lundi 10 février 2025, malgré l’appel des autorités. Depuis plus de deux semaines, ces activités sont suspendues en raison des combats entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23.
Ce matin, quelques élèves en uniforme ont été aperçus dans les rues de la ville. Dans les établissements publics et privés, enseignants et responsables scolaires ont répondu à l’appel à la reprise des cours. Cependant, l’ambiance restait tendue, certains parents hésitant à envoyer leurs enfants à l’école par crainte pour leur sécurité.
Masika Kisuba Élodie, enseignante à l’école primaire d’application de l’institut de Goma (EPAIGO), a déclaré dans des propos repris par Actualite.cd : « Les enfants sont venus, mais avec une timidité. Malheureusement, nous les avons tous renvoyés à la maison et nous invitons les autres à venir demain. Ils étaient une vingtaine, c’était vraiment difficile de les enseigner. »
Elle exprime également des inquiétudes concernant sa rémunération, étant donné que Kinshasa ne contrôle plus Goma : « Voilà maintenant 27 ans que je suis dans le domaine de l’enseignement et, suite à la gratuité instaurée par le chef de l’État, je dépendais beaucoup de Kinshasa, malgré mon petit salaire de misère que je recevais difficilement. Aujourd’hui, avec les nouvelles autorités, je ne sais comment nous allons nous comporter, surtout pour les NU. »
Dans le secteur universitaire, la situation est similaire. Les étudiants étaient présents dès les premières heures au campus de l’Université Libre des Pays des Grands Lacs (ULPGL) et de l’Université Catholique la Sapientia (UCS). Cependant, cela n’a pas suffi à permettre la reprise des cours.
Un étudiant en faculté de médecine de l’Université de Goma a confié : « Nous sommes confrontés à une situation qui ruine notre cursus universitaire. La mesure de reprendre les activités est la seule option qui va sauver cette année académique. Voilà pourquoi nous la soutenons, mais notre sécurité doit être garantie et une priorité pour toutes les parties. »
À l’inverse, un autre étudiant de l’ULPGL a exprimé son désaccord quant à la reprise des activités académiques, compte tenu de la situation sécuritaire encore précaire à Goma : « Pour ce qui est de la reprise, moi, je ne suis pas d’accord, bien que je n’aie pas d’autre choix. Ils restent des rebelles quoi qu’ils fassent. Ils peuvent se servir de nous (étudiants) pour se faire bonne figure devant l’opinion publique et nous causer du tort si nous ne nous conformons pas à leur idéologie. »
Le 7 février, l’Autorité de la province éducative Nord-Kivu 1 a publié un communiqué appelant les écoles non touchées par la guerre à reprendre les activités scolaires dès le 10 février. En réponse, certaines écoles catholiques, comme l’Institut Mwanga, ont diffusé des messages encourageant les parents à envoyer leurs enfants à l’école, tout en respectant les horaires habituels. Cette décision a été prise après des consultations avec la hiérarchie de l’éducation nationale. Le PROVED a souligné l’importance de garantir des conditions pédagogiques optimales pour les élèves, en incitant les chefs d’établissements à collaborer avec les comités de parents pour évaluer les éventuels dégâts et planifier les réparations nécessaires.
Des directives strictes ont été établies, interdisant les séances de double vacation et stipulant que les horaires de sortie des classes doivent respecter le programme national. Pour les établissements complètement détruits, comme l’École du Cinquantenaire, la reprise sera progressive, en fonction des travaux de réhabilitation.
La situation sécuritaire à Goma reste préoccupante, avec des affrontements persistants entre les FARDC et les rebelles du M23. Les autorités et la communauté éducative tentent de trouver un équilibre entre la nécessité de reprendre les activités scolaires et la garantie de la sécurité des élèves et du personnel enseignant.
La rédaction de b-onetv.cd