À l’Université Pédagogique Nationale (UPN), l’atmosphère était tendue ce lundi 9 Décembre. Drapés dans leurs toges, symboles de leur statut académique, les professeurs en grève se sont apparentés à des acteurs jouant leur rôle dans une farce tragique. Cette scène, bien que dramatique, expose des réalités troublantes du système éducatif congolais.
Le mouvement de grève, initié par le RAPICO, met en lumière des revendications légitimes, notamment sur les conditions de travail et les rémunérations. Cependant, un paradoxe persistant jette une ombre sur ces manifestations : les enseignants, qui dénoncent l’effondrement du système, en sont aussi les architectes. Pendant des décennies, les dérives administratives, la corruption et l’indifférence généralisée ont contribué à l’effritement des fondations de l’éducation en RDC.
Dans cette querelle où chacun revendique sa part de raison, les grandes victimes restent les étudiants. Déjà confrontés à un enseignement de qualité discutable, à des infrastructures inadéquates et à un avenir incertain, ils subissent une fois de plus les conséquences d’un bras de fer où leur voix est rarement entendue. Les cours interrompus, les examens reportés et l’incertitude prolongée ne font qu’accentuer leur frustration et leur désespoir.
Cette grève n’est pas un simple épisode isolé ; elle reflète une crise structurelle de l’enseignement supérieur en RDC. L’UPN, jadis un symbole de l’excellence académique, est devenue un théâtre d’incohérences. Les enseignants dénoncent un État qu’ils jugent sourd à leurs doléances, tandis que le gouvernement rétorque par des promesses qui tardent à se concrétiser.
Il est urgent que les différents acteurs de ce conflit prennent conscience de l’impact durable de leurs actions sur l’avenir de la jeunesse congolaise. Une réforme structurelle, incluant un dialogue sincère entre le gouvernement, les enseignants et les étudiants, est indispensable. Il ne s’agit pas seulement de répondre aux revendications salariales, mais aussi de redéfinir une vision pour l’éducation en RDC. En attendant, les étudiants, privés de leur droit à l’éducation, observent avec amertume une scène qui ressemble davantage à une mascarade qu’à une quête sérieuse de solutions.
La grève à l’UPN est le symptôme d’un mal plus profond qui gangrène l’ensemble du système éducatif. Il est temps que les professeurs, tout comme les autorités, abandonnent leurs toges de tragédiens pour devenir les bâtisseurs d’un avenir meilleur. Car, en fin de compte, ce sont les étudiants – et avec eux toute la nation – qui paient le prix de cette hypocrisie enracinée.