Depuis plusieurs mois, le commandant de l’armée ougandaise, le général Muhoozi Kainerugaba, multiplie les déclarations provocatrices à l’encontre de la République démocratique du Congo (RDC). Ce dimanche 23 mars, il a franchi un nouveau cap en affirmant sur X (ex-Twitter) que « dans une semaine, le M23 ou l’UPDF [l’armée ougandaise] seront à Kisangani, sur ordre de Yoweri Museveni ».
Une menace à prendre au sérieux ?
Fils biologique du président ougandais, Yoweri Museveni, Muhoozi Kainerugaba s’est illustré par des prises de position controversées qui heurtent les principes du bon voisinage en Afrique centrale. Alors que le M23 a annoncé son retrait de Walikale-centre et qu’un processus diplomatique est en cours, le général ougandais jette de l’huile sur le feu, laissant planer la menace d’une avancée militaire vers Kisangani, une ville stratégique et historiquement marquée par la guerre.
Dans un autre message publié sur le même réseau social, il a déclaré que l’armée ougandaise ne s’opposerait pas à une prise de Kisangani par le M23 : « Mais il leur faudra agir vite, sinon nous le ferons nous-mêmes. » Un message qui ne laisse aucune place à l’ambiguïté et qui rappelle le rôle actif de l’Ouganda dans les conflits ayant secoué la RDC au fil des décennies.
Les antécédents de Muhoozi et l’implication de l’Ouganda
Ce n’est pas la première fois que Muhoozi Kainerugaba fait des prédictions qui se réalisent sur le terrain. En décembre 2024, il avait annoncé l’expulsion des mercenaires engagés par Kinshasa dans le Kivu, ce qui s’est concrétisé quelques semaines plus tard. De plus, son père, Yoweri Museveni, est régulièrement cité dans les rapports d’experts des Nations Unies comme soutien logistique et renseignement du M23.
L’histoire entre la RDC et l’Ouganda est marquée par des épisodes douloureux, notamment la guerre des six jours à Kisangani en 2000 entre l’armée ougandaise et les forces rwandaises. Aujourd’hui encore, alors que l’UPDF mène des opérations conjointes avec les FARDC contre les ADF en Ituri et au Nord-Kivu, ces nouvelles déclarations viennent semer le doute sur les véritables intentions de Kampala.
Que doit faire Kinshasa ?
Face à ces menaces, les autorités congolaises doivent-elles réagir immédiatement ? Une incursion ougandaise à Kisangani serait une escalade majeure dans la crise actuelle. La prudence diplomatique est de mise, mais l’histoire récente montre que sous-estimer les déclarations de Muhoozi Kainerugaba pourrait être une erreur.
La RDC doit renforcer sa posture défensive et exiger des clarifications officielles de la part du gouvernement ougandais. Une diplomatie plus ferme, combinée à une vigilance militaire accrue, semble nécessaire pour éviter une nouvelle violation de son intégrité territoriale.
L’avenir dira si ces menaces étaient du bluff ou le prélude à une nouvelle intervention étrangère sur le sol congolais. Mais une chose est certaine : Kinshasa ne peut plus se permettre d’ignorer les signaux alarmants venant de Kampala.
Emille Kayomba