Après plus de deux semaines du lancement des opérations d’enrôlement des électeurs dans la première aire, des inquiétudes planent sur le processus. Des craintes d’autant plus que la centrale électorale projette enrôler près de 50 millions et si l’on sait que pour la première aire, la CENI a prévu 1 mois pour cette opération avant d’aller dans les aires EST et Centre. Le processus d’enrôlement des Congolais ne répond pas à ses promesses. Sur une projection d’environ dix sept millions de personnes attendues, et à moins de deux semaines de l’échéance, seulement plus d’un million de congolais sont enrôlés dans l’ensemble des trois aires retenues à travers le monde.

A quoi, est donc dû ce manque d’engouement ? est-ce les prémisses de cette nouvelle campagne d’enrôlement ou carrément, le processus n’aspire pas confiance ? Des questions qui méritent bien des réponses, surtout que plusieurs préalables avaient été évoquées par certaines parties prenantes, mais qui n’avaient pourtant pas reçu une attention de la part des organisateurs.
Si le Président de la République, Martin Fayulu, Jean Pierre bemba et d’autres leaders ont montré l’exemple en s’enrôlant, cela n’est pourtant pas le cas pour le parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie. Dans une sortie médiatique, son secrétaire permanent a déclaré que son parti n’est pas concerné pour l’opération d’enrôlement. Le PPRD exige tout d’abord le renouvellement du bureau de la commission électorale nationale indépendante. Du coup, c’est le même tableau qui se présente avant chaque cycle électoral. Autant des revendications parfois non prises en compte par les organisateurs avec comme finalité les élections dont les résultats ne font pas l’unanimité.

Pour changer le cours des événements, Toutes les parties prenantes au processus électorale devront jouer leur partition. De la commission électorale nationale indépendante au parlement en passant par le CSAC, le gouvernement, la Cour constitutionnelle, les parties politiques, les confessions religieuses, la société civile et voire même le corps électoral. La centrale électorale en organisant techniquement bien toutes les étapes du processus, le gouvernement comme principal financier des élections, le parlement comme législateur doit doter la CENI des lois impersonnelles devant l’aider à mieux organiser les scrutins.
La RDC après trois cycles électoraux est considéré comme l’un des exemples de démocratie en Afrique, pour avoir tenu des élections libres et régulières depuis 2006 et entrepris certaines initiatives de bonnes pratiques démocratiques, mise en place d’institutions démocratiques, espace d’interpellation démocratique. Cependant, le pays traverse une crise multidimensionnelle entraînant des conséquences néfastes sur la vie des populations et des institutions de la République. La persistance de cette crise a contribué à réduire la confiance entre les populations et l’État à cause, notamment, du déficit de gouvernance, de la corruption, du sentiment d’impunité et de la persistance de l’insécurité, surtout dans l’Est de la RDC.

Des premières élections de 2006 aux plus récentes, le constat est qu’il n’y a jamais eu d’afflux vers les urnes et cela bien que beaucoup de moyens techniques, financiers, logistiques et humains aient été déployés pour cela. Ces statistiques sont inquiétantes et constituent de mauvais indicateurs pour une démocratie active, dynamique et inclusive. En effet, la participation permet de mesurer le degré d’adhésion des citoyens au processus électoral.
Les citoyens perdent de plus en plus l’intérêt pour la « chose politique » et particulièrement pour les élections qui sont pourtant un droit et devoir citoyen. Or, il est important de participer au choix éclairé du candidat qui aura la charge de conduire la destinée de tout un peuple durant tout un mandat. Beaucoup de personnes estiment que le jeu est joué d’avance et ne croient pas en la transparence et la crédibilité des processus électoraux. La culture démocratique et l’esprit de citoyenneté ne sont pas suffisamment ancrés, tout ceci est consécutif au système de gouvernance politique peu inclusif et fédérateur, posant ainsi toute la problématique de la légitimité de certains élus. L’analphabétisme et la pauvreté constituent également des facteurs de la faible participation aux processus électoraux.
Des jeunes, tout comme d’ailleurs des femmes dans leur grande majorité, sont « utilisés » par les partis politiques pour aider à mobiliser l’électorat et battre campagne contre quelques récompenses distribution de pagnes, tee-shirts, organisation de matchs de football et de festivités. Cette situation est d’autant plus effrayante lorsque l’on sait que les jeunes, qui constituent l’avenir d’un pays, auraient pu recevoir des formations appropriées en politique et citoyenneté afin d’être des acteurs actifs des processus électoraux.

Après cette opération, il faut prévoir une série de mesures complémentaires pour maintenir une bonne dynamique en vue de favoriser une participation massive lors des élections. Des campagnes d’information, d’éducation citoyenne et de communication à travers différents canaux doivent être conduites. Les partis politiques doivent également assurer la formation de leur électorat, y compris les jeunes sur l’importance des élections, les techniques de communication en public, la vie politique, l’histoire des hommes politiques célèbres, en vue de susciter leur intérêt. Des panels de discussions avec les jeunes mais également d’éminentes personnalités politiques et universitaires pour partages d’expériences, constituent également des pistes à explorer.
La rédaction de b-onetv.cd