L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a pris la parole dans une tribune publiée par un journal sud-africain pour exprimer ses inquiétudes quant à la situation actuelle dans son pays et au rôle de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), notamment l’Afrique du Sud, dans la crise congolaise.
Kabila rappelle que le début de l’année 2019 avait été marqué par un tournant historique pour la RDC : la première transition pacifique du pouvoir entre un président sortant et un président entrant. Toutefois, selon lui, cette avancée démocratique a été rapidement compromise par Félix Tshisekedi, qui aurait renié l’accord qui sous-tendait la nouvelle configuration politique du pays.
Depuis lors, affirme Kabila, la situation n’a cessé de se détériorer, menaçant aujourd’hui d’imploser en une guerre civile aux conséquences régionales désastreuses. Pour lui, toute tentative de résolution de la crise sans un traitement adéquat de ses causes profondes serait vaine.
L’ancien chef de l’État insiste sur le fait que la crise en RDC ne se limite pas à la rébellion du M23, qu’il estime être présenté de manière biaisée par le pouvoir en place. Il rappelle que la situation actuelle découle d’un enchevêtrement de crises : sécuritaire, humanitaire, mais surtout politique, sociale, morale et éthique. Il regrette que ces aspects soient ignorés par la communauté internationale et même par la SADC.
Au cœur du problème, selon Kabila, se trouve la volonté du régime actuel de briser le Pacte républicain, issu du dialogue inter-congolais de Sun City et ayant abouti à l’adoption de la Constitution de 2006. Ce pacte, qui avait permis la réunification du pays après des années de guerre, est aujourd’hui menacé par des violations répétées des lois et par l’organisation d’élections frauduleuses en décembre 2023.
Kabila dresse un tableau sombre de la gouvernance de Félix Tshisekedi, qu’il accuse de museler l’opposition politique à travers des arrestations arbitraires, des exécutions extrajudiciaires et des exils forcés de leaders d’opinion, y compris religieux. Il affirme que la modification annoncée de la Constitution vise à renforcer un régime déjà autocratique.
Face à cela, l’ancien président met en garde contre une intervention militaire de l’Afrique du Sud et des autres pays de la SADC, qui pourrait, selon lui, avoir pour effet d’appuyer une dictature plutôt que de stabiliser la région. Il exhorte ces nations à prendre en compte les aspirations du peuple congolais et à ne pas se laisser entraîner dans un conflit dont les véritables causes ne sont pas uniquement externes.
Pour Kabila, l’envoi de troupes et de matériel militaire en RDC ne constitue pas une solution durable. Il appelle la communauté internationale et les partenaires régionaux à privilégier une approche politique et institutionnelle pour résoudre la crise, en s’attaquant aux problèmes de gouvernance, de démocratie et de respect des droits humains.
En conclusion, il pose une question clé à l’Afrique du Sud et à la SADC : continueront-elles à soutenir un régime qu’il qualifie de tyrannique, ou prendront-elles en compte la voix du peuple congolais en faveur d’une véritable transition démocratique ? Le choix, selon lui, déterminera non seulement l’avenir de la RDC, mais aussi la stabilité de toute la région australe du continent.
La rédaction de b-onetv.cd