L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a formellement rejeté toute accusation le liant à la rébellion du M23, dénonçant des allégations « infondées » et mettant au défi ses détracteurs d’apporter des preuves. Dans un échange avec la presse à Johannesburg, après une rencontre avec l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, il a réaffirmé la nécessité d’une approche congolaise pour résoudre la crise sécuritaire qui secoue l’Est du pays.
Interrogé sur une possible implication dans la rébellion du M23, Joseph Kabila s’est montré catégorique : « Ces accusations sont tout simplement infondées. La prochaine fois que vous le verrez, demandez-lui de vous fournir les preuves de ses dires », a-t-il déclaré. L’ancien chef d’État a également abordé la question de la non-participation du M23 aux négociations directes de Luanda, refusant de spéculer sur leurs motivations : « Je ne suis pas le porte-parole du M23. Ils ont certainement leurs raisons. »
Joseph Kabila a insisté sur l’importance d’une solution endogène pour mettre un terme aux violences qui persistent dans l’Est de la RDC. Il a fustigé la marginalisation des Congolais dans les discussions sur leur propre pays : « Tout le monde parle du Congo, sauf les Congolais. Que ce soit à Nairobi, en Afrique du Sud ou ailleurs, ce sont toujours des étrangers qui discutent du Congo, tandis que les Congolais eux-mêmes semblent écartés. »
Il a souligné que la réunion récente avec des membres de l’opposition et des responsables religieux visait à rassembler les forces nationales pour une réflexion approfondie sur les causes réelles de la crise et les moyens d’y remédier.
Pour l’ancien président, la situation actuelle rappelle celle du début des années 2000, qui avait été résolue par un dialogue inclusif. Il plaide pour une approche similaire : « La solution est celle que nous avons adoptée en 2002-2003. À l’époque, nous avions également une multitude d’acteurs et divers groupes armés. Aujourd’hui, la nouveauté est la présence de mercenaires employés par le gouvernement. » Sur le retrait des troupes de la SADC, Joseph Kabila estime que cela ne devrait pas provoquer de perturbations majeures : « Je ne vois pas de perturbations majeures. Pour toute autre implication, seul le temps nous le dira. »
Joseph Kabila, qui s’est retiré du pouvoir en janvier 2019, a rappelé qu’il avait volontairement quitté la présidence, convaincu d’avoir consolidé la stabilité institutionnelle du pays. Pourtant, il estime que la RDC est en train de régresser : « En 2018, lors de ma dernière réunion avec la SADC en tant que chef d’État, j’avais dit aux dirigeants de l’époque que j’étais heureux de mon départ et que le Congo n’était plus le maillon faible de la région. ». « Six ans plus tard, nous sommes presque de retour à la case départ. »
Face à la recrudescence des violences, il a appelé à une introspection nationale, plutôt que de chercher des boucs émissaires externes : « Il est temps d’analyser la dynamique interne de la RDC et de cesser de toujours rejeter la faute sur les autres. À un moment donné, nous devons nous demander si nous ne sommes pas nous-mêmes le problème et comment nous, Congolais, pouvons résoudre cette crise. »
Interrogé sur une éventuelle candidature à la présidence, Joseph Kabila a laissé entendre qu’il pourrait jouer un rôle actif à l’avenir : « Nous sommes prêts. Nous sommes prêts à œuvrer pour la paix, à œuvrer activement pour la paix. » Il a rappelé son engagement passé, notamment lors des accords de Sun City en 2002, et s’est dit déterminé à continuer à travailler pour la stabilité du pays : « Notre attitude aujourd’hui, étant beaucoup plus éclairée, est définitivement de nous lever à nouveau et d’être en mouvement. »
Joseph Kabila a conclu en insistant sur l’importance de revenir aux fondamentaux pour garantir une paix durable : « Pendant près de 16 ou 17 ans, le Congo était stable, pas à 100 %, mais suffisamment pour avancer en matière de développement économique et dans d’autres domaines. Nous devons revenir à l’essentiel. »
Ces déclarations marquent-elles le retour de Joseph Kabila sur la scène politique congolaise ? Si son engagement pour la paix est affirmé, l’avenir dira s’il ambitionne de reprendre les rênes du pays.
Feza Micka