Le 23 mai 2025 restera une date marquante dans l’actualité politique congolaise. Après un long moment de silence, Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo (2001-2019), s’est exprimé dans une allocution sobre mais ferme, diffusée en direct sur les réseaux sociaux. Dans un ton à la fois grave et rassembleur, il a brossé un tableau de la gouvernance actuelle tout en esquissant une vision claire de la reconstruction nationale à travers un plan de redressement en douze axes majeurs.
Joseph Kabila n’a pas simplement critiqué le régime en place ; il a surtout proposé une feuille de route patriotique pour, selon ses mots, « tirer le pays du gouffre ». Refusant les attaques personnelles, il s’est positionné en homme d’État soucieux de l’intérêt général, appelant les Congolais à « un pacte citoyen » pour refonder la nation. Il a mis en garde contre la « banalisation des dérives institutionnelles », la « régionalisation du conflit » à l’Est et la « politisation des forces de défense ».
Les 12 axes de la refondation selon Joseph Kabila
Dans son intervention, l’ancien président a détaillé douze priorités stratégiques qui constituent sa proposition pour redresser la RDC :
Rétablissement de l’État de droit : garantir le respect de la Constitution et de l’indépendance des institutions.
Fin de la tyrannie et de la répression : mettre un terme à l’usage abusif de la force contre les citoyens et les opposants.
Réconciliation nationale : lancer un processus inclusif pour panser les blessures du passé.
Relance économique inclusive : promouvoir un développement qui profite à toutes les provinces.
Retrait des troupes étrangères : restaurer la souveraineté et le contrôle territorial du pays.
Réforme des forces armées et de sécurité : professionnaliser l’armée et la police nationale.
Justice pour les victimes de massacres et de violences : engager des poursuites contre les auteurs des crimes.
Lutte contre la corruption : instaurer une gouvernance éthique et transparente.
Protection des libertés publiques et des droits humains : mettre fin aux arrestations arbitraires et aux censures.
Redynamisation des secteurs vitaux (éducation, santé, agriculture) : investir massivement dans les infrastructures sociales.
Organisation d’élections libres et crédibles : garantir un processus électoral indépendant et apaisé.
Dialogue national inclusif : réunir toutes les forces vives pour un consensus sur les grandes réformes.
Un rappel de son action passée pour la reconstruction
Dans une séquence plus introspective, Joseph Kabila a rappelé les principaux acquis de ses 18 années à la tête du pays. « Ce n’est pas un bilan parfait, mais c’est un socle sur lequel on aurait dû bâtir. Ce socle a été saccagé », a-t-il regretté.
Sans verser dans l’invective, l’ancien président a dénoncé « l’ivresse du pouvoir », la « confiscation de la parole citoyenne » et les massacres de Makala en 2024, qu’il qualifie de « terrorisme d’État ». Il a néanmoins reconnu certaines tentatives positives du gouvernement actuel, comme les pourparlers de Doha avec le M23 ou encore la médiation conjointe CENCO-ECC, qu’il a appelées à être renforcées.
Joseph Kabila a évité tout appel direct à la mobilisation populaire, mais il a clairement laissé entendre qu’il pourrait reprendre une part active dans la vie politique du pays. Il a d’ailleurs annoncé son prochain déplacement à Goma, un geste symbolique fort pour marquer sa solidarité avec les populations de l’Est.
L’impact immédiat de cette déclaration reste à évaluer, mais les réactions ne tarderont pas à se manifester dans un climat politique déjà tendu. Pour ses partisans, cette intervention signe le retour d’un leadership stable et visionnaire. Pour ses détracteurs, elle pourrait raviver les clivages. Une chose est certaine : Kabila est de retour, avec une vision, un plan, et une volonté affichée de contribuer à la refondation de la RDC.
La rédaction de b-onetv.cd