Dans un contexte marqué par une recrudescence des violences à l’Est du pays, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Asad Ahmad Khan, est en visite à Kinshasa. Son déplacement témoigne d’une volonté de la justice internationale de renforcer son implication face aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité perpétrés en République Démocratique du Congo.
Dès son arrivée, Karim Khan a tenu un discours sans ambiguïté, affirmant que son institution était déjà à pied d’œuvre pour rassembler des témoignages et des preuves des atrocités commises. Il a mis en garde les auteurs de ces crimes, insistant sur l’obligation de respecter le droit international humanitaire.
« Il n’y a pas de passe-droit pour les criminels de guerre. Tout groupe armé, toute force armée et leurs alliés doivent comprendre que la justice internationale veille. L’impunité ne peut plus être une option en RDC. » Ces propos résonnent comme un avertissement alors que les combats s’intensifient dans l’Est du pays. Les avancées du M23, soutenu par le Rwanda selon Kinshasa, aggravent une crise déjà dramatique, avec des milliers de morts et de déplacés.
Depuis plusieurs décennies, la RDC est le théâtre d’une insécurité chronique où se croisent groupes rebelles, forces armées locales et puissances étrangères. Face à cette situation, le rôle de la CPI a souvent été questionné, accusé d’être trop passive ou sélective dans ses interventions.
Mais cette fois, Karim Khan veut montrer une détermination nouvelle : « Les populations de la RDC méritent la même attention que celles d’Ukraine, d’Israël ou de Palestine. L’inaction ne peut plus être tolérée. Il est temps d’appliquer la loi de manière équitable et ferme. » Ce changement de ton est un signal fort adressé non seulement aux groupes armés, mais aussi aux États et aux acteurs internationaux qui, par action ou omission, contribuent à prolonger le chaos en RDC.
Durant son séjour à Kinshasa, le procureur de la CPI rencontrera les plus hautes autorités congolaises, les acteurs de la société civile, la MONUSCO, ainsi que le Président Félix Tshisekedi. L’objectif est clair : accélérer les enquêtes, identifier les responsables des crimes et envisager des poursuites judiciaires effectives.
Cette visite intervient alors que Kinshasa redouble d’efforts pour mobiliser la communauté internationale contre le Rwanda, accusé de soutenir le M23. Des sanctions sont réclamées auprès de l’Union européenne, des Nations unies et d’autres instances internationales.
Mais au-delà des discours, une question demeure : la CPI passera-t-elle enfin des paroles aux actes ? Le peuple congolais, épuisé par des décennies de souffrance, attend une justice qui ne soit plus une simple promesse, mais une réalité tangible.
Junior Kulele