L’Assemblée provinciale du Kasaï-Central traverse une grave crise de légitimité. Ce lundi 16 juin 2025, des tensions entre deux bureaux rivaux ont dégénéré en affrontement physique lors d’une plénière agitée à Kananga, siège de l’institution.
À l’origine du chaos : la tentative de Daniel Lukusa, président déchu, de convoquer une plénière, contestant ainsi sa destitution intervenue la semaine dernière à l’initiative d’une majorité de députés. De leur côté, les pétitionnaires ont mis en place un bureau d’âge dirigé par Stéphane Muanda, qu’ils reconnaissent comme autorité légitime chargée de conduire les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un bureau définitif.
Ce double pouvoir a provoqué une confusion totale et des affrontements verbaux et physiques entre les camps adverses.
Face à cette escalade, le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, est intervenu d’urgence. Dans un télégramme officiel signé lundi soir, il a ordonné la suspension immédiate de toutes les activités de l’Assemblée provinciale et a convoqué à Kinshasa les membres des deux bureaux en conflit pour une séance de travail de désamorçage.
Le blocage actuel trouve ses racines dans l’invalidation de deux députés provinciaux UDPS, une décision judiciaire jugée controversée par la fédération locale du parti présidentiel à Kananga. Cette dernière accuse une manœuvre politique ciblant Daniel Lukusa, fidèle au parti, et dénonce une tentative de mainmise sur l’Assemblée provinciale.
En suspendant les travaux de l’Assemblée et en prenant la main sur la médiation, le VPM de l’Intérieur tente d’éviter une escalade politique dans une province stratégique. Cette décision pourrait ramener le calme et permettre une reprise encadrée du processus de renouvellement du bureau définitif.
Le Kasaï-Central, déjà fragilisé par des tensions sociales et économiques, attend désormais un retour rapide à l’ordre institutionnel dans le respect de la légalité républicaine.
Djodjo Mafuku