Le président de la République et président du parti, Félix Tshisekedi, a accordé ce jeudi à la Cité de l’O.U.A une audience à deux figures clés de la fronde interne de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) : Augustin Kabuya, secrétaire général du parti, et Déo Bizibu, cadre influent de la base. La rencontre, tenue en présence de plusieurs hauts responsables de l’UDPS, relance les spéculations sur une possible décrispation des tensions qui minent la « famille présidentielle ».

La réunion n’est pas passée inaperçue. Depuis plusieurs mois, Augustin Kabuya et Déo Bizibu s’étaient positionnés en critiques de la gouvernance interne du parti, dénonçant notamment la marginalisation de certaines bases, le manque de dialogue et la gestion jugée « trop centralisée » du leadership. Leur face-à-face avec Félix Tshisekedi, « haute autorité politique de référence » du parti, apparaît donc comme un geste d’ouverture.
Selon des sources proches de l’UDPS, l’échange a porté sur la nécessité de préserver l’unité et de renforcer la discipline dans un contexte politique marqué par la montée des défis sécuritaires à l’Est, la pression diplomatique et la préparation des futures échéances électorales locales et provinciales.
Ce n’est pas la première fois que le parti présidentiel tente de ramener ses dissidents dans le rang. Depuis 2023, plusieurs initiatives de réconciliation avaient été amorcées mais n’avaient pas abouti, les frondeurs accusant la direction de ne pas aller au-delà des promesses. L’audience de l’O.U.A semble toutefois s’inscrire dans une dynamique plus formelle, orchestrée directement par Félix Tshisekedi, signe que la présidence prend désormais en main le dossier.
L’UDPS, formation historique du feu Étienne Tshisekedi, traverse régulièrement des crises internes, conséquence de sa structure militante éclatée et de la compétition pour l’accès aux postes politiques. À l’approche des grands chantiers institutionnels (réformes électorales, décentralisation, gouvernance provinciale), maintenir une cohésion apparaît crucial pour le Chef de l’État.
Pour Tshisekedi, l’enjeu est double : Préserver l’unité de la base présidentielle face aux offensives de l’opposition et aux pressions extérieures; Rassurer l’opinion publique sur sa capacité à maintenir la cohésion de son propre parti, souvent perçu comme le baromètre de la stabilité politique nationale.
Si aucun communiqué officiel n’a détaillé les conclusions de la rencontre, des sources internes à l’UDPS évoquent « un climat d’écoute » et une volonté affichée de mettre un terme aux querelles intestines. Augustin Kabuya et Déo Bizibu se seraient montrés disposés à « collaborer dans l’intérêt du parti », à condition que leurs revendications en matière d’inclusivité et de respect des structures de base soient prises en compte.
Ce nouveau face-à-face pourrait marquer un tournant pour l’UDPS. Reste à savoir si l’audience débouchera sur des actes concrets ou si elle s’ajoutera à la liste des tentatives de réconciliation sans lendemain. Une chose est certaine : dans la conjoncture actuelle, Félix Tshisekedi a plus que jamais besoin d’un parti soudé derrière lui, tant pour affronter les défis nationaux que pour préparer l’avenir politique de la majorité présidentielle.
Junior Kulele


