Kinshasa est en état d’alerte ce dimanche 16 février 2025, alors que des menaces de troubles ciblant les lieux de culte circulent sur les réseaux sociaux. Face à cette situation, le gouverneur de la capitale, Daniel Bumba, a tenu à rassurer les habitants en appelant à la sérénité et au respect des mesures en vigueur.
Lors d’une déclaration télévisée diffusée le vendredi 14 février sur la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), Daniel Bumba a exhorté la population à ne pas céder à la panique. « Je rappelle que le communiqué suspendant les manifestations publiques est encore de mise. Toute personne qui ira à l’encontre de cette mesure sera maîtrisée par les forces de l’ordre, prêtes à prévenir tout vandalisme et trouble à l’ordre public. »
Cette mise en garde intervient alors que des rumeurs d’attaques contre des paroisses catholiques et d’autres lieux publics se multiplient sur les réseaux sociaux, alimentant la crainte d’un regain de violences dans la capitale congolaise.
Le commandant de la police de Kinshasa, le commissaire divisionnaire adjoint Blaise Kilimbalimba, a annoncé un déploiement préventif des forces de l’ordre autour des paroisses catholiques ce dimanche, afin d’assurer la sécurité des fidèles avant, pendant et après les offices religieux.
Cette mesure vise à éviter la répétition des débordements observés en janvier dernier, lorsqu’après l’annonce de la prise de Goma par les rebelles du M23/AFC, des manifestations spontanées avaient éclaté à Kinshasa. Plusieurs ambassades, dont celle des États-Unis, avaient été vandalisées par des manifestants en colère.
Les tensions actuelles ont été exacerbées par la diffusion sur les réseaux sociaux d’appels à attaquer les églises catholiques. Ces menaces proviendraient de certains militants se réclamant du parti présidentiel, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), en réaction à la rencontre entre des prêtres catholiques, Corneille Nangaa et le président rwandais Paul Kagame. Face à ces risques, plusieurs autorités congolaises, dont des responsables politiques et religieux, ont lancé des appels à l’apaisement.
L’archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo, a fermement condamné ces menaces et appelé les fidèles à la vigilance. « Vivre votre foi en toute liberté et sérénité est un droit inaliénable garanti par la Constitution congolaise. » Dans un communiqué, l’Archidiocèse de Kinshasa a insisté sur la nécessité d’unir les Congolais au lieu d’attiser les divisions en cette période de crise sécuritaire.
Dans ce contexte tendu, l’ambassade des États-Unis à Kinshasa a émis une alerte de sécurité, recommandant à ses ressortissants de limiter leurs déplacements et d’éviter les lieux de culte. « Nous conseillons aux citoyens américains de faire profil bas et d’éviter les rassemblements publics, en raison du risque de troubles ciblant certaines églises à Kinshasa et dans d’autres grandes villes. »
Cette mise en garde fait écho aux violences survenues en janvier, lorsque la colère populaire s’était dirigée contre plusieurs ambassades occidentales. Ces tensions à Kinshasa surviennent alors que la situation sécuritaire continue de se détériorer dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Après la chute de Goma fin janvier, les rebelles du M23/AFC ont poursuivi leur avancée vers le Sud-Kivu, atteignant Bukavu, où des combats ont été signalés.
Dans ce climat explosif, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, a convoqué une réunion d’urgence vendredi avec les cadres du parti et les leaders des structures de base. Il a mis en garde ses militants contre toute initiative non encadrée par la hiérarchie du parti. « Ne participez pas à des marches que nous ne sommes pas sûrs de pouvoir encadrer. »
Alors que la journée du 16 février s’annonce cruciale, les forces de l’ordre sont en état d’alerte maximale pour éviter tout débordement. Les autorités espèrent que les appels au calme lancés par le gouvernement, la police et l’Église catholique suffiront à prévenir de nouveaux incidents dans la capitale congolaise.
Dans un pays marqué par une instabilité chronique, la situation actuelle met une nouvelle fois en lumière les défis sécuritaires auxquels la RDC doit faire face, aussi bien à l’Est qu’au cœur même de la capitale.
Junior Kulele


