Depuis l’indépendance de la République Démocratique du Congo (RDC) en 1960, le pays a traversé de nombreuses crises politiques, des dictatures aux transitions démocratiques inachevées, en passant par des guerres meurtrières. Mais au-delà des analyses politiques, certains Congolais croient fermement que l’histoire de leur pays suit une trajectoire prophétisée par Simon Kimbangu, le fondateur du kimbanguisme, qui aurait annoncé les grands bouleversements de la nation.
Simon Kimbangu, prophète et symbole de résistance
Simon Kimbangu (1887-1951) fut un prédicateur congolais qui prêcha l’émancipation spirituelle et sociale du peuple noir sous l’occupation coloniale belge. Son mouvement, perçu comme une menace par les autorités belges, lui valut une arrestation et une condamnation à perpétuité en 1921. Il mourut en prison en 1951, mais son message inspira le kimbanguisme, devenu une Église reconnue en RDC.
Selon la tradition orale et certains écrits des fidèles kimbanguistes, Simon Kimbangu aurait fait plusieurs prophéties sur l’avenir du Congo. L’une des plus célèbres concerne trois générations qui dirigeront le pays après la fin de la colonisation.
Kimbangu et les chefs d’État congolais : prophétie ou coïncidence ?
La prophétie attribuée à Simon Kimbangu mentionne trois grandes phases du leadership congolais :
Un premier leader viendra et fera beaucoup de bruit, mais il ne pourra pas vraiment stabiliser le pays. Cette description correspond souvent à Joseph Kasa-Vubu, premier président de la RDC (1960-1965), dont le mandat fut marqué par des crises politiques et l’instabilité post-indépendance.
Un deuxième leader régnera longtemps, avec autorité, mais finira par être rejeté par son propre peuple. Beaucoup y voient Mobutu Sese Seko (1965-1997), qui a dirigé le Zaïre pendant 32 ans avec un régime autoritaire avant d’être renversé par la rébellion de Laurent-Désiré Kabila.
Un troisième leader viendra, il fera face à de grandes difficultés, mais il ouvrira la voie à un renouveau pour le pays. Cette partie de la prophétie est plus controversée. Certains pensent qu’elle concerne Laurent-Désiré Kabila (1997-2001), assassiné avant d’achever son projet de refondation de l’État congolais. D’autres estiment qu’elle pourrait désigner son fils, Joseph Kabila (2001-2019), ou encore Félix Tshisekedi, président actuel depuis 2019.
Hier : un pays marqué par des luttes et des trahisons
Depuis son indépendance, la RDC a connu des crises récurrentes : assassinats politiques (Patrice Lumumba en 1961, Laurent-Désiré Kabila en 2001), coups d’État (Mobutu en 1965, Kabila en 1997), et ingérences étrangères, notamment lors des guerres qui ont ravagé l’Est du pays depuis plus de deux décennies. La prophétie de Kimbangu semble se superposer à cette histoire chaotique, où chaque dirigeant a été confronté à des défis majeurs.
Aujourd’hui : un pays en quête de stabilité
Sous Félix Tshisekedi, la RDC tente de renforcer sa démocratie et sa souveraineté, tout en luttant contre les menaces sécuritaires (M23, ADF, milices locales), économiques (corruption, pauvreté) et géopolitiques (rivalités régionales avec le Rwanda et l’Ouganda). Le kimbanguisme reste influent, notamment au sein du pouvoir. L’Église kimbanguiste prône la paix, l’unité et la spiritualité comme leviers du renouveau congolais.
Demain : la RDC sur la voie du renouveau prophétisé ?
Si la prophétie de Kimbangu est exacte, le Congo est censé entrer dans une ère de renaissance après ces années de troubles. Certains kimbanguistes pensent que le pays connaîtra un dirigeant providentiel, qui ramènera la paix et la prospérité. Mais cette vision ne saurait se réaliser sans une prise de conscience collective et des réformes profondes. La stabilité du pays dépendra de la lutte contre la corruption, de la pacification de l’Est et d’une gouvernance axée sur le bien-être du peuple.
Alors, Simon Kimbangu avait-il réellement prévu le destin des chefs d’État congolais Mythe ou réalité, la prophétie kimbanguiste continue d’alimenter les débats et d’inspirer l’espoir d’un Congo meilleur.
Junior Kulele