Lors de la 9804ᵉ séance du Conseil de sécurité des Nations-Unies, la ministre d’État des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo (RDC), Thérèse Kayikwamba, a exposé les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du processus de paix instauré à Luanda. En portant des accusations directes contre le Rwanda, elle a souligné une série de blocages qui entravent la stabilité dans l’Est de la RDC et compliquent la gestion du cessez-le-feu entre les deux pays.
Le 5 novembre 2024, à Goma, les ministres des Affaires étrangères de l’Angola, du Rwanda et de la RDC ont lancé le Mécanisme de Vérification Ad Hoc renforcé, un dispositif censé surveiller le cessez-le-feu conclu en août 2024 sous la médiation angolaise. Cependant, comme l’a déclaré T. Kayikwamba, ce mécanisme a été gravement entravé par l’absence de participation active des experts rwandais. Ceux-ci, censés assumer leurs fonctions dans le cadre de cette initiative tripartite, n’ont jamais pris part aux opérations, compromettant ainsi l’efficacité du mécanisme. Depuis sa mise en place, cela fait désormais 34 jours que le système de vérification n’a pas pu fonctionner de manière optimale, suscitant des interrogations sur la volonté réelle du Rwanda de respecter ses engagements.
La ministre congolaise a également mis en évidence la poursuite de la présence militaire rwandaise sur le sol congolais, un autre facteur clé de l’instabilité dans la région. Selon Kinshasa, 4 000 soldats rwandais sont toujours déployés dans l’Est du pays, et Kigali justifie cette présence par des « mesures défensives ». Toutefois, le gouvernement congolais affirme que ces troupes, souvent alliées au groupe rebelle M23, continuent de mener des offensives sur les populations congolaises, en contradiction avec les engagements pris dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu.
Le processus de Luanda, qui a servi de base à l’accord de paix, prévoyait également des actions communes pour la neutralisation des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé présent dans l’Est de la RDC. Le Concept d’Opérations adopté lors du sommet de Luanda en novembre 2024 stipulait que la RDC et le Rwanda devaient travailler ensemble pour éliminer cette menace commune. Toutefois, Kinshasa accuse Kigali de manipuler cet objectif de neutralisation des FDLR pour justifier des actions militaires non conformes aux termes de l’accord. La RDC estime que le Rwanda utilise cet argument pour mener des attaques continues, aggravant ainsi la violence et l’insécurité dans la région.
L’accord de Luanda, supervisé par l’Angola, visait à instaurer une paix durable entre la RDC et le Rwanda, en mettant fin au soutien présumé du Rwanda au groupe M23 et en créant un mécanisme de vérification du cessez-le-feu. Cependant, les tensions persistantes et les accusations de blocage du côté rwandais compliquent la mise en œuvre de cet accord. La RDC, en exposant ces problèmes au Conseil de sécurité des Nations-Unies, cherche à obtenir un soutien international pour exercer des pressions sur le Rwanda et renforcer les efforts diplomatiques pour rétablir la paix.
Cette situation met en évidence les profondes fractures dans les relations entre la RDC et le Rwanda, malgré les tentatives de médiation régionale et internationale. Le blocage du mécanisme de vérification remet en question la viabilité des accords de Luanda et soulève des doutes sur la possibilité d’une solution durable au conflit dans l’Est de la RDC. La communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité, devra jouer un rôle déterminant pour éviter que cette impasse ne se prolonge davantage et n’aggrave encore la crise humanitaire dans la région.
Emille Kayomba