Dans un contexte de tensions diplomatiques et sécuritaires en Afrique centrale, le projet d’extension du corridor ferroviaire de Lobito, un axe stratégique reliant le sud de la RDC et de la Zambie à la côte atlantique de l’Angola, suscite des divergences majeures. Ce samedi 18 janvier 2025, Molly Phee, secrétaire d’État adjointe américaine chargée des Affaires africaines, s’est exprimée sur le sujet lors d’une interview accordée à l’AFP. Elle a révélé que Washington souhaitait prolonger ce corridor jusqu’à l’est de la RDC, mais que le Rwanda a rejeté cette proposition.

Selon Molly Phee, les États-Unis avaient proposé des « incitations positives » pour convaincre le Rwanda et la RDC de parvenir à un accord permettant l’extension du corridor. L’idée était de développer une branche ferroviaire qui relierait l’est de la RDC à ce réseau, offrant ainsi une alternative logistique pour le transport de minerais et de marchandises. « Un cadre bien négocié par les parties existait, et il avançait dans la bonne direction », a affirmé la diplomate. Cependant, le Rwanda s’est désolidarisé de cette initiative, marquant un recul significatif dans le processus.
Molly Phee a souligné que le président rwandais, Paul Kagame, a refusé de participer au sommet de Luanda en décembre 2024, un événement crucial pour finaliser l’accord. Depuis, le Rwanda et le groupe rebelle M23, actif dans l’est de la RDC, ont accru leur emprise sur le terrain, compliquant davantage les perspectives de paix et de coopération régionale.
La diplomate américaine a également mis en lumière un autre obstacle : la lutte contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Ce groupe armé, issu d’anciens responsables du génocide rwandais, demeure l’ennemi juré de Kigali. Molly Phee a expliqué que l’engagement de Kinshasa à combattre les FDLR était une condition clé pour obtenir le soutien du Rwanda au projet d’extension du corridor de Lobito. « Le gouvernement congolais n’a pas pris de mesures significatives à cet égard », a déploré Molly Phee, ce qui a contraint les États-Unis à revoir leur stratégie.

Le corridor de Lobito est considéré comme un levier majeur pour le développement économique en Afrique centrale et australe. Son extension vers l’est de la RDC aurait permis de désenclaver une région riche en ressources naturelles mais dévastée par des décennies de conflits. Cependant, les différends politiques et sécuritaires entre Kinshasa et Kigali continuent de compromettre cette ambition. Alors que Joe Biden s’apprête à quitter la Maison Blanche, le projet reste en suspens, soulignant les défis persistants pour construire une coopération régionale durable.
Les regards se tournent désormais vers les nouveaux dirigeants américains et africains pour relancer ce projet stratégique, qui pourrait transformer les dynamiques économiques et politiques de la région.
La rédaction de b-onetv.cd