L’instauration d’un service militaire obligatoire en République Démocratique du Congo (RDC) est au centre du débat depuis le dépôt, le 31 mars 2025, d’une proposition de loi par le député Claude Misare, élu d’Uvira. Cette initiative vise à renforcer la défense nationale face aux agressions extérieures, en particulier celles du Rwanda, et à lutter contre les infiltrations et trahisons au sein de l’armée congolaise.
Le député Claude Misare justifie cette proposition par la nécessité de sécuriser durablement le pays. Selon lui, si chaque ménage congolais compte au moins un membre formé militairement, la RDC pourrait mieux faire face aux menaces extérieures et renforcer son autonomie en matière de défense. La formation proposée s’étalerait sur six mois : trois mois de formation civique, patriotique et idéologique, suivis de trois mois d’apprentissage militaire.
De plus, les personnes formées pourraient être réquisitionnées en cas de crise ou d’agression, ce qui permettrait d’avoir une réserve stratégique de citoyens aptes à défendre le territoire national.
Si l’idée semble séduisante sur le papier, elle pose néanmoins plusieurs questions de faisabilité.
Moyens financiers et logistiques : Former des milliers de jeunes chaque année nécessite des infrastructures, des équipements et un budget conséquent. La mise en place d’un tel programme suppose un engagement fort de l’État et une planification rigoureuse.
Acceptabilité sociale : Le caractère obligatoire du service militaire pourrait rencontrer une résistance au sein de la jeunesse congolaise. Certains pourraient y voir une contrainte, surtout dans un pays où le chômage est élevé et où l’insertion professionnelle est une priorité pour de nombreux jeunes.
Impact économique : La mobilisation des jeunes durant six mois pourrait ralentir leur intégration dans le marché du travail et affecter certains secteurs clés de l’économie. Les entreprises pourraient être impactées par l’indisponibilité temporaire d’une partie de la main-d’œuvre.
Le débat sur cette proposition de loi risque d’être houleux au sein de la classe politique congolaise et de la société civile. Certains y verront un moyen efficace de renforcer la souveraineté nationale, tandis que d’autres mettront en avant les contraintes économiques et sociales d’une telle réforme.
Si cette loi est adoptée, sa mise en application devra s’accompagner d’un cadre précis garantissant son efficacité et son acceptabilité. L’État devra également veiller à éviter tout détournement du programme à des fins politiques ou répressives.
Alors que l’Est de la RDC est en proie à des conflits récurrents depuis des décennies, l’idée d’un service militaire obligatoire s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer l’armée nationale. Mais entre ambition et réalisme, le chemin vers une telle réforme est semé d’embûches.
Reste à voir si cette proposition de loi obtiendra l’adhésion des parlementaires et de la population. Une chose est certaine : la question de la défense nationale est plus que jamais au cœur des préoccupations congolaises.
La rédaction de b-onetv.cd