Dans le contexte des affrontements persistants dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la guerre ne se limite pas aux champs de bataille. L’AFC/M23, des acteurs centraux du conflit, ont recours à une arme redoutable : la manipulation de l’opinion publique par une hypercommunication. Cette stratégie, délibérément axée sur l’excès d’information, vise à déformer la réalité des faits sur le terrain pour servir leurs agendas politiques et militaires.
La première caractéristique de cette hypercommunication réside dans l’abondance d’informations souvent contradictoires. Par des communiqués quotidiens, des publications sur les réseaux sociaux et des interviews, ces groupes saturent l’espace médiatique. L’objectif est clair : noyer la réalité sous un flot de récits soigneusement construits. Les faits sont mélangés à des demi-vérités ou des mensonges flagrants pour semer la confusion chez les observateurs.
Par exemple, l’AFC/M23 s’efforce de se présenter comme un mouvement légitime et défenseur des droits de certaines communautés locales, alors que sur le terrain, il est régulièrement accusé de violences contre les civils. Cette communication vise à attirer la sympathie internationale et à masquer ses exactions. Ils amplifient leur discours en mettant en avant des prétendus succès militaires, souvent sans preuves tangibles. Ils cherchent à démontrer un contrôle du territoire qui est souvent loin de refléter la réalité complexe et fragmentée du terrain.
La communication de l’AFC/M23 ne se limite pas à une simple diffusion d’informations. Elle joue également sur les émotions pour manipuler les perceptions. Les images de destructions, de meeting, de blessés ou de réfugiés sont utilisées à dessein, souvent hors contexte, pour susciter une réaction émotionnelle. L’AFC/M23 publie fréquemment des vidéos montrant des populations déplacées, attribuant systématiquement la responsabilité de ces crises à l’armée congolaise (FARDC). En réalité, ces mêmes populations fuient souvent les attaques de l’AFC/M23. Cette tactique vise à diviser les communautés locales et internationales, en faisant des FARDC les boucs émissaires du conflit.
Les réseaux sociaux sont devenus un champ de bataille virtuel où l’AFC/M23 mène sa guerre narrative. Ils exploitent la viralité des plateformes comme Twitter, Facebook et WhatsApp pour diffuser des messages bien calibrés. Les faux comptes, les bots et les campagnes coordonnées sont autant de moyens utilisés pour multiplier l’impact de leurs publications. Cette stratégie de « bruit numérique » crée un effet d’amplification qui rend difficile la distinction entre les informations authentiques et les fabrications. Elle vise également à discréditer les acteurs opposés, comme les FARDC, la MONUSCO ou les gouvernements locaux, en les accusant de toutes sortes de maux, souvent sans fondement.
L’hypercommunication de l’AFC/M23 a des conséquences graves. Elle désoriente les populations locales, qui peinent à distinguer la vérité des mensonges. Elle polarise l’opinion publique nationale et internationale, rendant difficile l’élaboration de solutions concertées. Elle entrave également le travail des journalistes et des organisations humanitaires, qui doivent constamment vérifier et recouper des informations dans un contexte déjà complexe.
La guerre de l’Est de la RDC n’est pas uniquement une affaire de fusils et de bombes. Elle est aussi une guerre de l’information, où l’AFC/ M23 utilise l’hypercommunication pour manipuler l’opinion publique et masquer leurs véritables intentions. Face à cette stratégie de désinformation, il est essentiel de promouvoir une analyse critique des informations et de renforcer les mécanismes de vérification des faits. Seule une information fiable et impartiale permettra de dévoiler la réalité du terrain et de poser les bases d’une paix durable.
La rédaction de b-onetv.cd