La situation de la liberté de la presse dans les zones sous occupation du M23/AFC, soutenu par le Rwanda, a été au cœur des discussions lors de la 33ᵉ réunion du Conseil des ministres, tenue le 28 février 2025 à la Cité de l’Union Africaine. Dans son intervention, Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, a dénoncé une régression alarmante des acquis en matière de liberté d’expression dans les territoires conquis par les rebelles.
Alors que la République Démocratique du Congo avait réalisé des progrès notables en matière de liberté de la presse ces dernières années — notamment grâce à des réformes législatives et à un environnement médiatique plus sécurisé — l’occupation de Goma et Bukavu par les rebelles a réduit ces avancées à néant.
« Le climat répressif instauré par cette occupation militaire est marqué par une stratégie délibérée de contrôler l’information, de désinformer et de manipuler les faits. L’objectif est de réduire au silence toute voix indépendante et d’empêcher la population de recevoir une information fiable et impartiale », a déclaré le ministre Muyaya.
Les journalistes travaillant dans les zones sous occupation sont victimes d’intimidations, d’arrestations arbitraires et d’exécutions extrajudiciaires. Selon l’ONU, les activistes de la société civile et défenseurs des droits humains sont également devenus des cibles privilégiées du M23/AFC.
Face à cette situation alarmante, le gouvernement congolais, en collaboration avec les organisations professionnelles des médias et la société civile, a mis en place des mécanismes de documentation des violations commises par le M23/AFC.
Le ministère de la Communication et Médias prévoit : Un rapport consolidé recensant les atteintes à la liberté de la presse ; Des actions judiciaires, diplomatiques et médiatiques pour dénoncer les auteurs de ces crimes ; Un atelier de sensibilisation destiné aux journalistes sur la sécurité et la protection dans les zones de conflit.
L’ONG Journaliste en danger (JED) a lancé une alerte après la disparition de Tuver Wundi, directeur de la station provinciale de la RTNC à Goma. Selon JED, il n’a plus donné signe de vie depuis le 25 février 2025, jour où il avait quitté son bureau après avoir couvert un événement organisé par le M23/AFC.
« Nous craignons pour sa sécurité et demandons aux autorités et aux instances internationales d’exiger des comptes aux rebelles qui occupent la ville », a déclaré JED dans un communiqué publié le 1er mars 2025.
Alors que la répression se poursuit dans les territoires occupés, le gouvernement congolais appelle la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour protéger les journalistes et les défenseurs des droits humains.
L’évolution de la situation dans l’Est de la RDC démontre que le contrôle de l’information est devenu une arme stratégique pour le M23/AFC, renforçant la nécessité d’un engagement accru des autorités congolaises et de leurs partenaires pour garantir la liberté d’expression et la sécurité des journalistes.
Junior Kulele