Depuis plusieurs mois, le gouvernement congolais, en partenariat avec les forces de l’ordre, a intensifié une opération baptisée « Ndobo » pour lutter contre les Kulunas, ces gangs urbains tristement célèbres pour leurs actes de violence, d’extorsion et de terreur dans les rues des grandes villes, notamment à Kinshasa. Si cette initiative a permis de nombreux résultats sur le terrain, la question demeure : cette opération pourra-t-elle réellement mettre fin à ce phénomène profondément enraciné dans les réalités sociales et économiques du pays ?
Les Kulunas, originellement désignés comme des jeunes délinquants armés de machettes et d’autres armes blanches, ont évolué en véritables réseaux criminels opérant dans les zones urbaines de la RDC. Leur présence est associée à une augmentation des violences urbaines, notamment les vols, les agressions physiques et les règlements de comptes.
L’opération « Ndobo », initiée par le gouvernement congolais et supervisée par la police nationale, vise principalement à : Démanteler les gangs à travers des arrestations ciblées. Rétablir la sécurité dans les zones affectées et envoyer un message fort pour dissuader les actes de délinquance. L’opération a déjà permis l’arrestation de centaines de jeunes identifiés comme Kulunas, certains étant transférés dans des centres de rééducation.
Jusqu’à présent, un succès réel est enregistré depuis le début de cette opération notamment, le rétablissement temporaire de la sécurité. Dans certains quartiers de Kinshasa naguère dominés par les gangs, les habitants rapportent une diminution des violences depuis le début de l’opération. Cela a redonné un sentiment de sécurité aux populations locales.
L’opération « Ndobo » a également renforcé la présence policière dans des zones considérées comme des foyers de criminalité. Ces patrouilles régulières ont réduit la capacité des Kulunas à opérer en toute impunité. En plus des arrestations, le gouvernement a organisé des campagnes de sensibilisation à travers les médias pour dissuader les jeunes de rejoindre ces gangs.
Nonobstant ce succès, il se dégage un manque d’une approche holistique. Malgré son intensité, l’opération « Ndobo » reste majoritairement répressive. Or, le phénomène des Kulunas trouve ses racines dans des problèmes socio-économiques profonds, notamment : Le chômage massif des jeunes, la pauvreté extrême qui pousse certains à la criminalité comme moyen de survie, l’absence de systèmes éducatifs inclusifs et performants.
Si les arrestations réduisent temporairement la violence, elles ne traitent pas les causes sous-jacentes du phénomène. Les jeunes arrêtés, une fois libérés sans encadrement adéquat, risquent de retourner à leurs anciennes activités. Des accusations d’arrestations arbitraires et d’extorsion de fonds par certains agents impliqués dans l’opération ont été signalées. Ces abus pourraient miner la confiance des citoyens envers cette initiative.
Certains gangs, conscients de la surveillance accrue, ont adapté leurs méthodes, opérant désormais dans l’ombre ou en diversifiant leurs activités criminelles pour échapper aux radars des forces de l’ordre. Pour que l’opération « Ndobo » soit efficace à long terme, il est impératif d’offrir des alternatives aux jeunes en difficulté. Cela passe par :
La création d’emplois et de formations professionnelles.
La réhabilitation des centres pour jeunes en conflit avec la loi, le renforcement des institutions éducatives.
Un accès élargi à une éducation de qualité pourrait prévenir l’entrée des jeunes dans les gangs.
Les autorités doivent travailler en collaboration avec les chefs de quartiers, les églises et les organisations locales pour identifier les jeunes vulnérables et les aider avant qu’ils ne tombent dans la criminalité. Pour garantir l’efficacité de l’opération, il est crucial de lutter contre la corruption au sein des forces de l’ordre et d’améliorer leur formation.
L’opération « Ndobo » constitue une réponse importante à la montée en puissance des Kulunas et a permis de rétablir temporairement la sécurité dans plusieurs quartiers. Cependant, pour éradiquer durablement ce phénomène, une approche globale intégrant des dimensions sociales, économiques et éducatives est indispensable. La RDC ne pourra pas se débarrasser des Kulunas uniquement par des actions répressives. Il faudra transformer en profondeur les conditions qui favorisent l’émergence de ces gangs, en investissant dans la jeunesse et en promouvant un environnement social plus équitable.
La rédaction de b-onetv.cd