La situation sécuritaire au Nord-Kivu continue de se détériorer. Ce mercredi 19 mars 2025, les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, ont pris le contrôle de Walikale-centre, chef-lieu du territoire de Walikale. Avec cette nouvelle conquête, la rébellion contrôle désormais quatre des six chefs-lieux des territoires de la province. Il s’agit de Masisi-centre (Masisi), Kibumba (Nyiragongo), Rutshuru (Rutshuru) et désormais Walikale-centre.
Depuis la fin janvier, les rebelles tiennent également Goma, le chef-lieu provincial, marquant une perte stratégique pour Kinshasa. Dans ce contexte alarmant, seules deux capitales territoriales restent sous le contrôle du gouverneur militaire du Nord-Kivu, récemment nommé en remplacement du général Peter Cirimwami, mort au front lors de la bataille pour Goma : Lubero-centre (territoire de Lubero), Oicha (territoire de Beni)
Toutefois, la situation à Lubero demeure précaire. Si Kinshasa contrôle encore le chef-lieu, une grande partie du territoire est déjà sous l’influence des rebelles. Ces derniers tiennent Kanyabayonga et Kitsombiro, à seulement 30 km de Lubero-centre, ce qui laisse présager une attaque imminente.
Quant au territoire de Beni, il est disputé entre les FARDC et les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe affilié à l’État islamique. Malgré l’insécurité, Beni reste le chef-lieu administratif provisoire du Nord-Kivu, tandis que Butembo demeure sous contrôle congolais.
Au-delà des conquêtes territoriales, le M23 a également pris le contrôle de plusieurs postes frontaliers stratégiques : Bunagana et Ishasha (Rutshuru) à la frontière avec l’Ouganda, le Poste douanier de Goma à la frontière avec le Rwanda.
À ce jour, Kinshasa ne contrôle plus que Kasindi et Nobili (Beni), deux postes douaniers à la frontière ougandaise. Cependant, Nobili est marginal en raison de l’insécurité sur l’axe Nobili-Kamango-Mbau, contrôlé par les ADF. Kasindi, en revanche, demeure un point névralgique pour le commerce transfrontalier.
Les rebelles du M23 ont aussi mis la main sur des zones minières stratégiques : Rubaya, la principale mine de coltan du territoire de Masisi ; Musigha, une riche zone aurifère dans la région de Bunyatenge (Lubero). Ces prises ont forcé le général autoproclamé Kasereka Kasiyano Kabido, chef du groupe armé FPP-AP, à se rallier au M23 pour préserver ses intérêts miniers.
Avec la perte de ces territoires, douanes et ressources minières, l’administration congolaise est privée d’une part majeure de ses recettes fiscales. Cette crise impacte gravement le fonctionnement de la province, mettant en péril les projets de construction et laissant des centaines de fonctionnaires bloqués à Beni, sans ressources.
Le territoire de Bapere, qui représente 51 % de Lubero et constitue un important gisement d’or, est aujourd’hui impraticable. Depuis juin 2024, des rebelles ADF en errance terrorisent la zone, forçant les creuseurs artisanaux et exploitants forestiers à fuir, ce qui accentue la crise financière du Nord-Kivu.
Face à cette avancée inexorable du M23, l’avenir de la province demeure incertain, et l’administration congolaise semble dépassée par les événements.
La rédaction de b-onetv.cd