Par une ordonnance présidentielle, Christophe Bitasimwa Bahii a été nommé Inspecteur Général des Finances et Chef de service de l’Inspection Générale des Finances (IGF), succédant à Jules Alingete Key. Cette nomination marque une étape importante dans la continuité et le renforcement de la gouvernance financière en République Démocratique du Congo.

Un profil académique et professionnel solide
Titulaire d’un doctorat en économie, Christophe Bitasimwa Bahii dispose également d’un Diplôme d’Études Approfondies (DEA) en Économie et Développement, obtenu à l’Université Catholique du Congo. Enseignant des sciences économiques dans plusieurs universités congolaises, il combine expertise théorique et expérience de terrain. Inspecteur Général des Finances avant sa nomination au poste de chef de service, il a occupé diverses fonctions à responsabilité dans l’administration publique et le secteur économique congolais, ce qui lui confère une compréhension fine des rouages de la gestion financière publique.
Un binôme expérimenté

Aux côtés de Christophe Bitasimwa, l’Inspecteur Général Chef de service adjoint nommé est Emmanuel Tshibingu Nsenga. Économiste de formation (licencié en économie monétaire internationale de l’Université de Kinshasa), ce dernier est un vétéran de l’IGF, où il travaille depuis 1988. Homme d’église et pasteur responsable de l’Église Bethel/Salongo Bumba, il incarne l’intégrité morale et la rigueur technique, deux qualités essentielles pour accompagner la nouvelle dynamique de l’Inspection.
L’héritage de Jules Alingete : une IGF plus visible et plus redoutée

La nomination de Bitasimwa intervient dans un contexte particulier : celui de l’après-Alingete. Sous la houlette de Jules Alingete, l’IGF est passée d’un service administratif discret à un organe central du contrôle des finances publiques. Sa stratégie de « patrouille financière » et sa communication offensive ont permis de récupérer des sommes importantes, de dissuader la corruption et de redonner confiance à la population dans les mécanismes de régulation de l’État. Toutefois, son style a également suscité des critiques sur l’approche parfois jugée brutale ou politisée de certaines interventions.
Défis pour la nouvelle direction
Christophe Bitasimwa devra relever plusieurs défis majeurs :
Pérenniser les acquis : maintenir la rigueur dans le contrôle de la dépense publique sans relâche ni compromission.
Renforcer la technicité : moderniser davantage les méthodes d’investigation et d’audit, notamment à travers les outils numériques.
Assurer une indépendance effective : garantir que l’IGF reste un organe technique, impartial, à l’abri des influences politiques.
Améliorer la perception publique : restaurer un climat de sérénité et de justice dans les interventions de l’IGF, tout en restant ferme face aux abus.
Une nouvelle ère de contrôle financier ?
Avec l’arrivée de Bitasimwa, l’IGF semble s’engager dans une phase de consolidation. Plus discret que son prédécesseur mais tout aussi rigoureux, il pourrait incarner une forme de continuité apaisée et stratégique. La complémentarité entre son profil académique et l’expérience terrain d’Emmanuel Tshibingu pourrait contribuer à faire évoluer l’institution vers davantage d’efficacité, de professionnalisme et de respect des procédures.
L’avenir dira si ce tandem saura renforcer durablement la culture de redevabilité au sein de l’appareil d’État congolais, mais les attentes sont grandes, tant au sein des institutions que de la population.
Junior Kulele