En 1967, alors première femme nommée ministre, la ministre d’Etat Sophie Kanza plaide pour l’égalité des chances en matière d’éducation pour les garçons et les filles et est déléguée au sommet de l’OUA à Kinshasa pour mener la bataille. Cet acte sonne le début de la longue lutte d’émancipation de la femme congolaise dans un champ politique qui reste encore un monde masculin. L’élan imprimé par Mobutu depuis 1966 va se poursuivre et aboutir à la nomination d’autres « pionnières » à des postes ministériels. Au nombre desquelles Mafuta Mingi, Ekila Liyonda, Mayuma Kala, Wivine Nlandu et tant d’autres. La création en 1967 de l’Union des Femmes Congolaises avec à sa tête Mayaka Pongo, la désignation des 7 femmes bourgmestres dans la capitale… des femmes ambassadeurs, dans l’armée. Mais c’est dans la magistrature qu’on a dénombré le plus grand nombre des femmes.

Sophie KANZA Première femme à occuper un poste gouvernemental en RDC/Ministre des Affaires Sociales de 1966 à 1970
Un coup d’œil dans l’histoire renseigne que très peu de congolaises ont figuré dans les différents gouvernements et parlements et autres institutions citoyennes. De 1970 à 1975, 12 femmes ministres, 11 de 1975 à 1977, 7 de 1977 à 1982, 8 de 1982 à 1987. Dans la foulée de la tenue du dialogue intercongolais, 14 % des sièges ont été attribués aux femmes à l’Assemblée Nationale et 2,5 % au Sénat. Comment la femme politique a joué son rôle en RDC, sa manifestation de l’ambition politique et son engagement au processus politique a-t-elle trouvé victoire avec la nomination de Judith Suminwa Tuluka ? Tour d’horizon complet de la situation de la femme congolaise, ou mieux du combat mené par la gent féminine pour s’émanciper, des efforts déployés par nos décideurs politiques pour amener le sexe feminin à apporter sa pierre à l’édification du pays.
Pas opportun de s’attarder sur les instruments juridiques relatifs au genre au niveau national puisqu’ils existent mais il faut dégager des contraintes à l’application des lois et mesures en faveur du genre, de la sous représentation des femmes dans la vie publique et politique. En RDC, les freins à l’émancipation des femmes, surtout dans le cadre des affaires publiques, sont d’abord sur le plan culturel. Il y a généralement une domination masculine. La femme est discriminée en raison de coutumes, de normes qui ne lui sont pas favorables. Les hommes sous-estiment les femmes. Dans un pays où la scolarisation des filles est encore loin d’être une évidence et où les femmes n’ont bien souvent pas voix au chapitre lorsqu’il s’agit du budget familial. Plus généralement, la sous-représentation des femmes en politique est le reflet du statut inférieur qui leur est très souvent assigné.

Le leadership féminin est-elle une menace pour l’ordre masculin dominant alors qu’une représentativité plus équilibrée entre les femmes et les hommes est essentielle pour une meilleure gouvernance de la société. A ce jour, il y a de plus en plus de femmes candidates au niveau législatif. Au niveau du gouvernement, il y a plus de femmes. La nomination de Judith Suminwa Tuluka renforce symboliquement la place des femmes dans l’espace politique public. L’ex président Kabila s’était engagé en octobre 2013 à instituer pour les partis politiques l' »obligation de présenter sur chaque liste de candidats » au moins 30% de femmes et de réserver « un siège pour lequel la compétition ne serait ouverte qu’aux femmes » dans les circonscriptions en offrant au moins trois. l’espoir né d’une promesse a beau avoir été déçu un soir de janvier 2015 par un vote du Parlement. Ces deux dispositions favorables aux femmes figuraient dans le projet de modification de la loi électorale examiné au Parlement ont été écartées. Si quelques femmes sont omniprésentes dans les institutions publiques, la République démocratique du Congo est loin d’être une championne des droits des femmes sur le continent africain.

Au cours de son mandat, le président Félix Tshisekedi s’est engagé en faveur d’une meilleure représentation des femmes. Pourtant, un long chemin reste à faire pour que ces efforts s’inscrivent dans la réalité du pays bien que le président de la République est un fervent défenseur des droits de la femme. Sous sa présidence, le pays n’a jamais fait mieux depuis son indépendance. En 2019, 17 % de femmes étaient dans les administrations de l’État et dans les entreprises publiques. En 2023, le pays est passé à 32 %. C’est la première fois qu’on voit des femmes occupées des places de décision. Une directrice de cabinet adjointe, une première porte-parole. Et aussi une femme qui dirige la Banque centrale du Congo, une femme ministre de l’Environnement, une autre qui est ministre de la Justice et aujourd’hui une première première Ministre. Felix Tshisekedi ressort inéluctablement comme un président féministe.

La journée internationale de la femme devait être un moment de réflexion sur le chemin parcouru par les Congolaises en ce qui concerne leur émancipation sans oublier, notamment de célébrer les actes de courage et de détermination des femmes qui ont joué un rôle extraordinaire dans l’histoire des droits des femmes.
La rédaction de b-onetv.cd