Le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu, a été une fois de plus endeuillé par une attaque sanglante perpétrée par les Forces Démocratiques Alliées (ADF). Ce week-end, trois cultivateurs ont perdu la vie, dont un brûlé vif dans sa maison. Une douzaine de personnes ont également été enlevées, et plusieurs habitations incendiées lors de cette incursion survenue dans le village de Bapakombe-Bakondo, situé à environ 15 kilomètres de la ville de Beni.
Les assaillants, armés et organisés, ont semé la panique en attaquant les zones agricoles de Kipeyayo, Mayangose, et Lahe. L’attaque a débuté dans l’après-midi, vers 13 heures, avant que les rebelles ne s’installent pour la nuit dans la région. Outre les pertes humaines, de nombreux biens, notamment des vélos et des motos, utilisés pour transporter les récoltes, ont été abandonnés sur les lieux de l’attaque.
Stéphane Mbakama, président de la société civile de Rwenzori, a déclaré : « Ces cultivateurs, qui revenaient de leurs champs, ont croisé le chemin des ADF. Nous avons retrouvé leurs biens éparpillés, témoins du chaos qu’ils ont laissé derrière eux. » Dimanche 12 janvier, les habitants de Bapakombe-Bakondo, appuyés par des notables et des jeunes volontaires, ont tenté de récupérer les corps des victimes. Gervais Makofi, notable local, a exprimé sa vive inquiétude quant à la sécurité dans cette région vitale pour l’économie locale.
« Mayangose est le poumon économique de Beni. Sa sécurisation est impérative. Nous demandons au gouvernement, ainsi qu’à l’armée congolaise et ougandaise engagées dans l’opération Shujaa, d’intensifier leurs efforts pour protéger cette zone et renforcer la vigilance des populations locales », a plaidé Gervais Makofi. Lancée conjointement par les Forces Armées de la RDC (FARDC) et l’armée ougandaise (UPDF), l’opération Shujaa, qui en est à sa quatrième phase, vise à affaiblir les ADF. Cependant, selon un rapport récent des Nations unies, les résultats restent mitigés.
Malgré l’élimination de certains commandants ADF et la libération de centaines d’otages, les attaques meurtrières, les enlèvements et les pillages persistent, aggravant la détresse des populations civiles. Ces violences ciblent également des infrastructures essentielles, telles que des hôpitaux, accentuant la vulnérabilité des habitants du Nord-Kivu et de l’Ituri. Les experts onusiens appellent à une meilleure coordination entre les FARDC et l’UPDF, ainsi qu’à un renforcement de la protection des civils, afin de mettre un terme à ce cycle de violence qui ravage la région depuis plusieurs années.
Pascal Nduyiri, depuis le Nord-Kivu