Les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) ont annoncé, ce samedi 23 mars, leur retrait de Walikale-centre et de ses environs, une localité stratégique du Nord-Kivu, trois jours après en avoir pris le contrôle.
Dans un communiqué, le mouvement – soutenu par le Rwanda selon Kinshasa et les Nations unies – affirme que ce retrait vise à “favoriser des conditions propices aux initiatives de paix et à un dialogue politique traitant des causes profondes du conflit”. L’AFC/M23 se réfère notamment au cessez-le-feu unilatéral qu’il avait déclaré le 22 février dernier.
Le groupe rebelle appelle la population locale et les leaders communautaires à garantir la sécurité des civils et de leurs biens durant cette intermission, présentée comme un geste de bonne foi. Toutefois, le M23 prévient que toute attaque des FARDC (Forces armées de la RDC) contre ses positions ou contre la population dans les zones sous son contrôle entraînera “l’annulation immédiate” de ce retrait.
Une présence rebelle toujours visible à Walikale
Mais selon des sources locales, les combattants de l’AFC/M23 étaient toujours présents dans Walikale à 14h00 (heure locale) ce samedi. Des éléments armés restaient visibles dans quatre des six quartiers de la ville, malgré l’annonce officielle du retrait.
Pendant la matinée, l’armée congolaise a mené de nouvelles frappes aériennes ciblant l’aérodrome de Kigoma et un pont sur la rivière Lowa, soupçonnant ces infrastructures d’être utilisées par le M23. Ces frappes sont survenues après un mystérieux atterrissage observé sur l’aérodrome, dont l’origine, la destination et la cargaison restent inconnues.
La veille, ce même aérodrome avait déjà été bombardé par des drones et l’aviation militaire congolaise, Kinshasa affirmant que le site abritait une garnison du M23.
Violents combats et tensions persistantes
Depuis la prise de Walikale mercredi soir, la situation est restée extrêmement tendue. Vendredi, des combats violents ont éclaté entre les rebelles du M23 et des miliciens dits “Wazalendo”, provoquant une nouvelle vague de panique. Les affrontements, qui ont duré environ quatre heures (de 15h00 à 18h00 locales), illustrent la complexité du conflit et la multiplicité des groupes armés actifs dans la région.
Une crise au cœur des discussions régionales
Sur le plan diplomatique, la communauté internationale continue de suivre de près l’évolution de la situation dans l’Est de la RDC. Vendredi, le président kényan William Ruto a annoncé la tenue d’une réunion virtuelle entre les dirigeants de l’EAC (Communauté d’Afrique de l’Est) et de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) la semaine prochaine. L’objectif : renforcer la coordination régionale face à la crise.
Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa prendra également part à ces discussions, qui visent à harmoniser les approches des deux blocs régionaux pour tenter d’endiguer la montée des violences et favoriser une sortie de crise durable.
Si l’annonce du M23 marque une nouvelle étape dans ce conflit, les incertitudes demeurent quant à la réalité de ce retrait et à la volonté réelle des rebelles de s’engager dans un processus de paix. Les prochaines heures seront décisives pour évaluer la véracité des engagements pris et la réaction du gouvernement congolais.
La rédaction de b-onetv.cd