La peine de mort reste un sujet sensible en République Démocratique du Congo (RDC). Lors de la cérémonie d’échange des vœux avec les diplomates, le président Félix Tshisekedi a apporté des clarifications sur cette question controversée. Tandis que le ministre de la Justice, Constant Mutamba, semblait élargir le champ d’application de cette peine, le chef de l’État a pris soin de restreindre son usage à des cas spécifiques, démontrant ainsi une volonté de concilier justice, sécurité et respect des droits humains.
Dans son discours, Félix Tshisekedi a affirmé : « Aucune exécution n’a été menée en RDC malgré la levée du moratoire. La peine de mort reste un outil dissuasif face aux actes de trahison dans l’armée et au terrorisme. » Ces mots traduisent une posture prudente. Le président met en avant le caractère exceptionnel de cette mesure, insistant sur la nécessité d’adresser des signaux forts aux groupes armés et aux traîtres au sein des forces de défense. Cependant, il a écarté toute application de la peine capitale aux infractions de droit commun, comme les actes de banditisme urbain (les « kuluna »), préférant une approche axée sur la réinsertion et la prévention.
F. Tshisekedi semble ainsi se positionner en défenseur d’un équilibre délicat : garantir la sécurité nationale tout en évitant un retour à des pratiques excessives ou arbitraires. Son engagement envers les droits humains, régulièrement mis en avant dans son mandat, reste un pilier central de cette démarche. De son côté, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, avait initialement laissé entendre que la peine de mort pourrait également s’appliquer à des cas de banditisme urbain aggravé. Il avait déclaré en mars 2024 : « Le retour de la peine de mort est un levier nécessaire pour lutter contre le banditisme urbain, les terroristes et les traîtres à la nation. »
Cette déclaration avait suscité un large débat au sein de la société congolaise et de la communauté internationale. Si certains soutiennent que cette approche pourrait réduire les actes violents dans les grandes villes, d’autres y voient une dérive punitive susceptible de compromettre les progrès démocratiques du pays. La divergence entre le président et son ministre révèle-t-elle une tension au sein même du gouvernement ? Alors que F. Tshisekedi plaide pour une application limitée et circonstanciée de la peine capitale, C. Mutamba semble opter pour une approche plus répressive, étendant le champ d’application à des crimes non prévus par le président.
La clarification de Félix Tshisekedi lors de la cérémonie diplomatique pourrait être perçue comme un rappel à l’ordre adressé à son ministre. En restreignant les crimes passibles de la peine de mort au terrorisme et à la trahison militaire, il marque une différence notable avec les intentions plus générales exprimées par Constant Mutamba. Cette mise au point préserve à la fois la crédibilité de l’État sur la scène internationale et l’adhésion aux valeurs fondamentales des droits humains.
La question de la peine de mort en RDC reflète les défis auxquels le pays est confronté : un besoin urgent de sécurité dans un contexte de crise, mais aussi une volonté de se conformer aux normes internationales en matière de droits humains. Si le président Tshisekedi semble soucieux de maintenir cet équilibre, la pression exercée par certains membres de son gouvernement pourrait compliquer cette ambition. La vigilance de la société civile et des partenaires internationaux sera essentielle pour éviter tout dérapage dans l’application de cette mesure extrême.
La rédaction de b-onetv.cd