La capitale congolaise traverse une crise aiguë dans le secteur de la construction, marquée par une pénurie généralisée de ciment. Les dépôts autrefois bien fournis sont aujourd’hui presque vides, avec des sacs devenus aussi rares que précieux, au point d’être comptés du bout des doigts dans certains points de vente.

Cette situation a entraîné une flambée spectaculaire des prix : un sac de ciment, vendu il y a peu entre 9 et 10 dollars américains, coûte désormais entre 13 et 20 dollars, selon les quartiers et les canaux d’approvisionnement. Un choc pour les ménages, les entrepreneurs et les petits bâtisseurs qui voient leurs projets mis à l’arrêt, faute de moyens suffisants pour faire face à cette hausse brutale.
À l’origine de cette pénurie, une grève des chauffeurs de poids lourds, consécutive à l’introduction d’un nouvel horaire de circulation imposé par les autorités de Kinshasa. Ces nouvelles restrictions, jugées contraignantes, ont provoqué un arrêt sec de la circulation des camions, interrompant l’approvisionnement en ciment et autres matériaux de construction depuis les usines jusqu’aux dépôts.
« Nous n’avons reçu aucun nouveau stock depuis plusieurs jours. Les chauffeurs ont arrêté de livrer à cause des nouvelles mesures. La situation est catastrophique », confie un vendeur dans la commune de Limete.
Les conséquences sont visibles partout dans la capitale. Des centaines de chantiers sont à l’arrêt, créant une incertitude pour les entrepreneurs et des pertes pour les ouvriers journaliers. « Je devais couler du béton cette semaine et commencer le crépissage sur un autre site, mais tout est bloqué. Avec les prix actuels, je ne peux plus avancer. Mon capital ne suffit plus », déplore un maître d’ouvrage qui a requis l’anonymat.
Même si l’intersyndicale des chauffeurs de poids lourds a levé son mot d’ordre de grève après des discussions avec les autorités urbaines, la situation reste inchangée sur le terrain. Le retour à la normale s’annonce lent, la chaîne logistique étant encore fortement désorganisée.
La rareté ne concerne pas que le ciment. D’autres matériaux essentiels comme les barres de fer, les carreaux, les tuyaux ou encore les plaques de bois connaissent également des tensions d’approvisionnement et des hausses de prix notables. Le secteur de la construction, déjà fragilisé par des conditions économiques difficiles, est pris dans un étau qui pourrait freiner plusieurs projets d’infrastructures urbaines.
Face à cette crise, les acteurs du secteur appellent les autorités à intervenir d’urgence pour réguler la distribution, revoir les mesures de circulation jugées contraignantes, et stabiliser les prix. Le silence ou l’inaction risquerait de prolonger une situation aux conséquences sociales et économiques potentiellement graves, dans une ville où la pression démographique exige des constructions constantes.
Djodjo Mafuku