« Promouvoir l’industrialisation par l’agro-transformation, la valorisation des minéraux et les chaînes de valeurs régionales pour une croissance économique inclusive et résiliente », c’est le thème du sommet des Chefs d’Etats et des Gouvernements de la Sadec qui se tient du 17 au 18 août 2022 à Kinshasa. Le congolais Félix Tshisekedi prend, à la même occasion, les rênes de l’organisation dirigée jusqu’alors par le malawite Lazarus. Membre de plusieurs organisations régionales et sous-régionales, qu’est-ce la RDC a à offrir, surtout à gagner au profit de son peuple, à la tête notamment de la Sadec?
Plus grand pays par son entendue, sa population et ses ressources naturelles, la RDC passe pour l’une des nations importante et stratégique de la SADEC- Communauté des États de l’Afrique Australe. Quand on sait que cette organisation prône la promotion des valeurs, des systèmes et des institutions politiques communs entre 16 États membres, c’est le moment où le pays de Félix Tshisekedi a le plus besoin de ses alliés les plus proches.
Dans ses autres missions, la SADEC peut aider Kinshasa, si cela est vrai, à défendre la paix et la sécurité de son territoire en proie aux agressions extérieures et intérieures. L’autre axe pour lequel cette organisation est engagée, c’est promouvoir le développement auto-soutenu, fondé sur l’autosuffisance collective et l’interdépendance des États membres. Ici la RDC peut jouer un rôle important si tous les acteurs de la région pouvaient profiter des opportunités qu’offre la RDC, en terme de potentiels économiques. Les enjeux du futur sont fortement liés au développement économique et technologique. D’où, le besoin de la paix entre les peuples doit être privilégié dans les discussions à tous les niveaux, pour favoriser la solidarité, les échanges et l’intégration régionale.
La Sadc regroupe en son sein seize pays de l’Afrique Australe et de l’océan indien. Il s’agit de l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana, le Lesotho, le Madagascar, le Malawi, l’île Maurice, la Mozambique, la Namibie, la République démocratique du Congo, le Seychelles, la Swaziland, la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe et le Comores.
Quel gain pour la RDC ?
L’appartenance de la RDC à cette communauté a soulevé dans le passé un certain nombre d’interrogations dont la persistance s’est révélée lors de l’assemblée de la SADC tenue en RDC en 2009. Visiblement, Kinshasa a été du 2 au 8 septembre 2009 la capitale de la sous région australe de l’Afrique. Ce sommet a fait transparaitre la méconnaissance de cette communauté par une tranche de la population douze ans après l’adhésion du pays à cette institution. Ces données observables suscitent des questions fondamentales. La première question est relative au concept de l’intégration internationalie. La deuxième question touche à la cruciale problématique de la position géographique continentale de la RDC. La troisième question est celle de la motivation de son adhésion à la SADC, majoritairement dominée par les pays anglophones. Ces questions se greffent sur celles de la compatibilité de besoins d’intégration de la RDC aux objectifs et principes de l’organisation de l’Afrique australe.
Quel est le rôle que joue la RDC dans cette communauté ? Est-elle, pour emprunter la formule de l’approche fédéraliste de l’intégration, un Etat-pilote ou un Etat-frein ? Est-ce une grande puissance, une puissance moyenne ou petite ? La liste des interrogations que suscite l’intégration de la RDC à la SADC n’est pas exhaustive.
Peut-on réellement parler du débat quant à l’intégration de la RDC à la SADC ? Si débat il y a, il appartient maintenant au passé et pourrait être évoqué à titre de curiosité scientifique. Pour entrer au cœur de ce fameux débat, il faut se poser la question de savoir à quelle région géographique appartient la RDC. Et par conséquent à quelle organisation internationale doit-elle participer ? A quelle organisation régionale appartiendrait la RDC si l’on s’en tient à sa position géographique ? Voici les quelques questions qui résument le débat suscité il y a une décennie par l’intégration de la RDC à la Communauté de développement de l’Afrique australe. Pour tenter de répondre à ces questions, il sied de rechercher les facteurs géographiques et historiques ayant milité pour son intégration à la SADC.
La position de la RDC sur la carte médiane de l’Afrique l’expose à être un Etat qui devait fédérer les autres tout autour d’elle et donner l’impulsion d’un développement suivant un cercle concentrique allant du centre aux extrémités du continent. C’est ce que le pays d’Emery Patrice Lumumba ne sait pas jusque là faire. Au lieu de fédérer, la RDC est entrain de déférer. D’où l’imagination de ce dicton qui pourrait expliquer la dispersion des ressources de la RDC dans sa politique en matière d’intégration : « Qui ne fédère pas, défère ». La RDC, après de tentatives manquées de leadership en Afrique, s’est effondrée à partir de la crise qui couvait de l’intérieur. Ce vide laissé par elle n’est pas allée sans conséquences.
Les conflits armés qui ont embrasé la région et les difficultés de redécollage sont analysés également en rapport de l’absence de leadership ou la lutte pour ce leadership. Ces analyses ne font que constater ce que le géopoliticien américain Joseph S. Nye a écrit en ces termes : « Les leçons apprises au cours de ces périodes antérieures indiquent que si l’Etat le plus puissant ne montre pas la voie aux autres, les perspectives d’instabilité augmentent ».
Devant cet état de choses, la RDC devait se lancer dans la quête des opportunités pour se reconstituer en vue de refaire les armes de son leadership naturel. L’offre de la SADC était venue au bon moment, c’est-à-dire pendant la rupture d’avec l’ordre ancien qui avait contribué à avilir l’image du pays. L’adhésion à la SADC voudrait marquer cette rupture. L’adhésion de la RDC à la SADC était-elle un fait opportuniste ? Est-elle vraiment l’ambition d’un homme animé d’un esprit d’aventurier ? Loin d’être le fruit du hasard, elle participe à la dynamique de l’histoire de la sous-région australe, histoire à laquelle la RDC a pris part importante jusqu’au démantèlement du régime raciste de Prétoria. Pourtier soutient avec raison que « L’adhésion du Congo Kinshasa à la SADC se justifie par l’importance des échanges économiques avec l’Afrique du Sud, actuellement principal exutoire des produits miniers du Katanga, acheteur d’électricité en provenance d’Inga, et important fournisseur de produits agricoles et industriels ». Son argument est restrictif parce que ne se fondant que sur l’aspect économique en dépit du fait qu’il soit dominant, mais sans être suffisant.
Les raisons d’adhésion de la RDC à la SADC sont à la fois d’ordre géographique, historique et économique. Il importe de revenir sur les fondements de la politique de l’intégration régionale en RD Congo avant d’étudier la compatibilité de cette politique avec les objectifs de la SADC.
Hormis les raisons d’ordre géographique ci-haut évoqués, l’intégration régionale occupe une place importante dans le discours politique des autorités congolaises ; avant que cette volonté ne soit exprimée en terme juridique par des textes constitutionnels et légaux. L’on a eu l’habitude de se référer aux discours du Premier ministre P.E. Lumumba, plus particulièrement son adresse à la Conférence panafricaine de Léopoldville du 25 août 1960 pour situer l’origine de la volonté politique de la RDC d’œuvrer en faveur de l’unité africaine.
Bien après lui et plus particulièrement en ce qui concerne l’Afrique australe, le Président Mobutu a joué un rôle important, bien que controversé, dans le développement du conflit tant à l’intérieur de la RSA que dans ses relations avec ses voisins de la Ligne de front. On signale que le Maréchal Mobutu ne voulait pas être absent de grandes manœuvres diplomatiques qui se jouaient en Afrique australe. Les objectifs de la SADC sont compatibles avec les attentes de la RDC qui entend amorcer sa (re-) construction en vue d’éradiquer la pauvreté de la population qui contraste avec l’immensité des ressources que regorge le pays. Il s’agit également pour la RDC de traduire en acte sa vocation africaine dans cette partie de l’Afrique. A partir de ces objectifs, l’on peut aisément déterminer les domaines de coopération entre tous les membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe. La RDC possède des atouts qui lui permettent de tirer les profits de son intégration dans la SADEC.mais tout dépend de la capacité de ses dirigeants politiques à faire bénéficier le pays des avantages qu’offre la Communauté de développement de l’Afrique australe. Eu égard aux nombreux défis à relever par la RDC avant de participer pleinement dans lque puissance, l’on se gardera de tout excès d’optimisme et les chances de réalisation d’un « saut qualitatif » en vue d’être au rendez-vous de l’Agenda commun de la SADC. Les missions des autorités congolaises se sont compliquées avec la présidence Les observateurs très avisés se demandent que peut-on réellement attendre de cette présidence congolaise quand on sait que le pays n’a pas encore réussi à obtenir des résultats probants en termes de socio-économiques. malgré les promesses faites, la population n’a pas encore vu un vrai changement susceptible de mener le pays à des perspectives meilleures
b-onetv.cd