Dans un climat politico-sécuritaire tendu, le Front Commun pour le Congo (FCC) dénonce vigoureusement les poursuites engagées contre son autorité morale, l’ancien Président de la République Joseph Kabila. Cette initiative a été annoncée par le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba Tungunga.
Dans un communiqué daté du 19 avril, le garde des Sceaux a instruit la justice militaire d’ouvrir une procédure contre Joseph Kabila, accusé de participation présumée à l’agression de la RDC dans sa partie orientale. Une demande de levée de son immunité parlementaire a été soumise au Sénat, l’ancien président étant sénateur à vie.
Le ministre Mutamba insiste : la poursuite vise Kabila en tant que sénateur, et non en qualité d’ancien chef de l’État. Le FCC, dans une déclaration du 3 mai signée par Raymond Tshibanda, rejette catégoriquement cette interprétation. Il affirme que le statut de sénateur à vie découle directement de l’article 104, alinéa 7 de la Constitution, ce qui lui confère un caractère inaliénable, imprescriptible et indépendant de toute influence politique ou administrative.
Le FCC fustige une procédure contraire à la loi régissant le statut des anciens dirigeants des institutions. Selon ce texte, toute poursuite contre un ancien président élu pour des faits étrangers à ses fonctions requiert un vote à la majorité des deux tiers des deux chambres du Parlement réunies en Congrès.
Qualifiant la démarche des autorités de « dérive dictatoriale », le FCC estime qu’elle est politiquement motivée et sans fondement juridique. Pour le regroupement, aucune preuve tangible ne justifie cette action contre leur leader, et toute violation des garanties constitutionnelles représente un grave danger pour la démocratie congolaise.
Dans un climat déjà tendu, cette affaire s’ajoute à la récente interdiction du PPRD — principal parti du FCC — par le ministère de l’Intérieur, en raison de sa position jugée équivoque sur l’insécurité dans l’Est du pays. Une décision qui accentue encore davantage la crise politique et sécuritaire que traverse la RDC.
Emille Kayomba